Le billet de Thierry Lafronde
Qui n’a pas souri aux aventures de l’intrépide Astérix et de son copain costaud « bas de poitrine » Obélix ? Qui ne s’est pas interrogé sur la recette de cette fameuse potion magique qui leur donnait tant de force et de confiance ? Recette détenue jalousement et secrètement par le barde Panoramix et donnée avec parcimonie et uniquement en cas de péril extrême afin de protéger l’irréductible village gaulois face à la l’invasion romaine. Rappelez-vous : nous étions en 52 avant Jésus Christ …
Rajouter une louche de souvenirs d’enfance, une autre de rêves d’adolescent, de désirs de jeune, de vitalité d’adulte puis de tendresse et de mémoire de grand parent. Mettre une poignée de poésie, une autre de littérature et d’histoires du pays, une dernière de récits d’épopées et de grandes batailles. Celles perdues pour l’honneur ont encore plus de valeur même si leur saveur est un brin amer. Une pincée d’attention, une autre de prudence puis d’amour, plusieurs de fougue et d’énergie afin de “corseter” le breuvage.
Laisser mijoter dans le temps long qui donne, seul, la valeur aux choses et aux événements. Préparer la table d’amis avec soin et désir de bien faire. Sortir la nappe des grands jours et les couverts de fête. Convier en cercles croissants la famille proche qui est comme une toute première Patrie, puis celle plus lointaine qui a quand même le même sang, les amis sincères tout d’abord, ceux en qui on peut se confier en cas de coup dur, puis ceux plus inconstants mais qui savent rigoler et pleurer aux mêmes récits. Rajouter les voisins, puis les quelques étrangers qui aiment notre pays et ont su adopter ses codes et coutumes. Rester raisonnable : on ne peut accueillir qu’un nombre limité de convives à cette table qui doit garder sa cohérence et son unité.
Choisir avec attention le vin rouge qui accompagnera le plat principal. Vin de pays, fruit de la vigne et du travail des Hommes, qui réchauffe si bien le corps et l’esprit. Mettre au centre la miche de pain croustillant, pétri et levé au four du boulanger local. En larges tranches rompues à la main il donnera du “coffre à la potion”.