Egalité
Le billet de François d’Usclat

    Nous connaissons les principes républicains hérités de la Révolution : Liberté, Egalité, Fraternité, laïcité, République une et indivisible. Mais sont venues s’y ajouter depuis de présumées valeurs comme la « citoyenneté » et le « vivre ensemble ». Les inventeurs de ces formules passe-partout s’imaginent que les invoquer suffiront, par le seul effet de la tympanisation, à gommer les effets d’une gestion désastreuse du pays.

    Traduisons tout d’abord. Citoyenneté signifie adopter un consensus républicain comme on embrasse un catéchisme sans exclusion. Il faut en toutes circonstances avoir un comportement citoyen… Ainsi, exemple parmi tant d’autres, une entreprise citoyenne est celle qui procédera à l’embauche par « discrimination positive ». Et, a contrario, à un journal qui pense de manière non consensuelle l’État n’allouera pas de subventions. Bref, on distribue les bons et les mauvais points. Français, encore un effort si vous voulez être (de bons) républicains !

    Quant au vivre ensemble, l’expression commence à être usée jusqu’à la corde depuis qu’il s’avère de façon très évidente que le territoire offre plutôt le décor d’un exister-ensemble que ses acteurs n’ont qu’à subir en se taisant. Ces exaltations universalistes ont connues leur apogée lors l’élection d’un maire musulman pour Londres. Anne Hidalgo en a été tout émoustillée…

    En attendant, encore faudrait-il savoir ce qui est entendu et considéré comme « valeurs ». Il est absurde d’en faire la louange quand nous voyons qu’elles portent atteinte aux principes de liberté et de laïcité. Comme si cette tambouille n’était pas assez épaisse et indigeste, on y rajoute de pleines brassées de morale. Difficile de ne pas être frappé par ce phénomène : la société civile est plus que jamais placée sous étroite surveillance. Les censeurs voient des déviants partout, et nombreuses sont désormais les figures politiques et médiatiques qui passent leur temps à s’excuser et à rendre des comptes ; le moindre dérapage devient bavure, les réseaux sociaux sont encombrés de roquets et d’inquisiteurs.

    Le règne du politiquement correct n’est que le reflet de cette « normalisation » de l’espace public. La moindre atteinte ou présumée atteinte à la dignité de chacun (plus souvent, en fait, la susceptibilité ou l’irritabilité) est mise en accusation par les moralistes auto-institués. Situation qui convient bien à nos déclarés adeptes de la tolérance encore et toujours convaincus que les sociétés s’ouvrent en se pacifiant… Cette grosse machine, les supplétifs du système l’alimentent avec d’autant plus de hargne que, à l’encontre de leurs attentes, elle laisse entendre des trépidations quelque peu alarmantes qui annoncent la panne.

    Mais que l’on se rassure, dans cette campagne de moralisation générale (en auront fait les frais dernièrement un footballeur complice de chantage, un rappeur agressif et un élu vert chaud lapin, pourtant tous affidés du système) : pas touche à l’étranger, ce nouveau damné de la terre ! Lui, il faut le comprendre ; ses valeurs et sa morale sont siennes, et nous ne sommes plus au temps du paternalisme colonial mais de la relativisation des cultures. À ce propos, nous avons encore en tête le souvenir amer du traitement médiatique (édulcoré) du harcèlement et du viol de centaines de femmes blanches à Cologne par des immigrés musulmans la nuit de la Saint-Sylvestre. L’angélisme et la duplicité des bonnes âmes prêtes à tout excuser, sauf évidemment à l’autochtone, ont la vie dure…

    Partout on recourt donc à l’artifice et au procédé pour tenter de masquer l’évidence, celle d’un fiasco national et même européen qui a nom ethnocide par submersion. D’ailleurs, et ce n’est pas vraiment une surprise, les peuples commencent à ne plus croire en l’efficacité des transferts de pouvoirs et de la trans-nationalité quand ils voient que c’est pour en arriver là. Que d’aberrations ! On légifère avec rigueur sur le calibre des fruits et des légumes ou la pasteurisation des fromages mais guère sur les flux migratoires (en tout cas : pas de sanctions pour l’Allemagne et sa candide chancelière). Bref, ce n’est pas de ceux qui ont conduit leur pays au fond de l’impasse qu’il faudra attendre la moindre solution. Les élites continueront à louer leurs « valeurs » et à asséner leurs leçons de bonne conduite pour tenter d’endiguer la colère qui monte.

    Mais, dès lors qu’elles n’abusent plus grand-monde, on peut mesurer ce que ces valeurs et cette morale ont d’éphémère.
Faites connaitre notre site, partagez !