D’après Cédric de Valfrancisque

« C’était une dinde, comme toutes les femmes qui se mêlent de politique… »

(Charles De Gaulle, au sujet de la Comtesse Hélène de Portes (1))

Autour de moi, moult gens applaudissent à l’idée que la dame Valérie Traîtresse, Baronne de Neuilly, « vainqueuse » – comme on dit dans la langue inclusive – à la primaire du parti « Les Ripoux-blicains » puisse chasser du pouvoir l’arrogant et insupportable petit Marquis de Morveux d’Enarque.

S’il est une constante dans notre pays, c’est bien la versatilité de l’électeur. En l’occurrence, il est prêt à remplacer un bourricot borgne par une haquenée aveugle, car madame Valérie Traîtresse, c’est un Morveux d’Enarque en jupon. Avec une différence cependant, l’un a mangé aux râteliers des banquiers apatrides avant que d’entrer en politique, l’autre – vieille jument de retour – a toujours brouté le fourrage payé par l’argent public (donc par le contribuable).

Résumons, ici, brièvement son parcours édifiant de courtisane.

Elle est née le 14 juillet 1967 à Neuilly-sur-Seine. Vous n’ignorez pas que le triangle Neuilly-Auteuil-Passy est un territoire de grande pauvreté ; la misère y est omniprésente, palpable, à telle enseigne que les moins pauvres en sont partis pour aller vivre dans des villes comme Saint-Denis ou Aulnay-sous-Bois, dans des banlieues dites « de non-droits » qui sont d’ailleurs fort bien nommées puisqu’effectivement le Gaulois n’y a plus aucun droit (2), sinon celui de raser les murs.

Née un 14 juillet, donc. Si elle avait vu le jour dans l’une de nos anciennes colonies africaines, sans doute se serait-elle prénommée « Fête nationale », comme l’un des enfants de l’Empereur Bokassa 1er qui régna – brièvement – en Centrafrique. Elle a, de ce fait, la fibre très républicaine (3).

Elle est la fille d’un ancien président de Bolloré, donc un économiquement faible. Son grand-père maternel Louis Bertagna, psychiatre, soigna l’anorexie de Laurence, fille de Jacques Chiraclure, Seigneur d’Ussel et d’Upoivre, ce qui explique la suite de la brillante carrière de la donzelle.

La petite Valérie étudie à l’école privée Sainte-Marie de Neuilly, un repaire de prolos.

À 15 ans, elle apprend le russe à Yalta, dans un camp des jeunesses communistes. Quand on est issu du peuple, comme Thorez, il est normal de passer ses vacances au paradis des Soviets.

Elle décroche son bac à 16 ans, puis passe par les prépas économiques et commerciales de Sainte-Geneviève à Versailles. Horreur ! Elle y aurait, dit-elle, subi un affreux bizutage…

Puis elle rentre à HEC dont elle sort diplômée en 1988. Dans la foulée, elle intègre L’ENA et en sort dans la botte, deuxième de la promotion Condorcet (1990-1992).

Un beau parcours de « crâne d’oeuf » qui impressionne les gens qui n’ont pas compris que l’accumulation de parchemins et de connaissances ne rend pas forcément intelligent (ce mot vient de intellegere qui veut dire comprendre, or, généralement, l’énarque ne comprend rien).

Le 6 août 1994, cette jeune fille très BCBG (4) épouse le président d’« Alstom Renewable Power ». Le couple a trois enfants. Elevée dans le catholicisme, Valérie se dit « d’abord laïque » car, très tôt, elle pratique le « et en même temps », cette absence de convictions, cet opportunisme, ce piège à couillons, qui feront les choux gras du Marquis de Morveux d’Enarque.

À sa sortie de l’ENA, elle entre au Conseil d’État, une gâche en or, fort bien payée pour le peu de travail qu’on y fournit. Auditrice en 1992, elle est maître des requêtes un an plus tard.

De 1993 à 1998, elle est conseillère du service juridique et technologie de l’information.

Parallèlement de 1995 à 1998, elle est « commissaire du gouvernement près la section du contentieux du Conseil d’État » et secrétaire générale du conseil supérieur de l’Agence France-Presse (AFP). Un titre ronflant, long comme un jour sans pain, mais dont personne n’est en mesure de préciser les contours. Rappelons que l’AFP, c’est cette officine gaucho-crapuleuse qui a annoncé que « Le sulfureux polémiste d’extrême-droite Eric Zemmour » se déclarait candidat au trône.

Après la dissolution de l’Assemblée nationale de 1997, elle est sollicitée par l’équipe de Lionel Jospin (5) mais finalement elle accepte de rejoindre celle de Jacques Chiraclure, Seigneur d’Ussel et d’Upoivre, que sa famille connaît et côtoie depuis des lustres. Le 2 juillet 1998, elle est « chargée de mission pour les études, la prospective et la société de l’information à la présidence de la République française », encore un titre ronflant !

En 2002, on lui offre une élection de fille d’Archevêque dans la deuxième circonscription des Yvelines. Elle est élue députée (sous l’étiquette UMP), avec 65,11 % des suffrages exprimés.

À l’Assemblée, elle est d’abord rapporteur (6) du budget des prisons et de la protection judiciaire de la jeunesse, puis de la mission d’information sur la famille.

À partir de novembre 2002, elle est secrétaire générale adjointe de l’UMP. Messire Alain Juppé, Duc de Bordeaux, déclare à son propos : « Elle a vocation à entrer dans un gouvernement ».

En 2006, le bellâtre grisonnant Dominique Galouzeau de Villepin, alors premier ministre de Chiraclure, la charge d’un rapport sur la conciliation vie familiale-vie professionnelle. Puis la voilà directrice de la gazette de l’UMP « Les débats de l’Union ». Elle y dévoile sa haine du souverainisme incarné par Madame de Montretout. En août 2006, dans le quotidien « L’imMonde » elle défend l’idée d’une « société française métissée fière et énergique », ben voyons !

Le 18 mai 2007, le bouffon sautillant Sarkozizi accède au trône. Ancien maire de Neuilly, il impose à l’Abbé Fillon de prendre la Traîtresse dans son gouvernement. Elle est nommée ministre de l’Enseignement Supérieur. Elle y fera, comme ses prédécesseurs, de la figuration pour ne pas braquer les syndicats d’enseignants, tous de gauche (7).

Traîtresse est pour le métissage de la France, mais elle a aussi des idées écolos : en 2008, elle participe, à Kuala Lumpur, à la création du groupe intergouvernemental d’experts sur la biodiversité, « Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services » (IPBES), en français dans le texte. En 2010, elle prend la défense des climatologues contre Claude Allègre, qui se déclare climato-sceptique. Elle n’a aucune compétence en climatologie mais, après tout, c’est aussi le cas de Ségolène Déloyale, la folledingue du Poitou, et de Nicolas Bulot, Baron de la Frime.

Le 29 juin 2011, elle est nommée ministre du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l’État. Elle devient également porte-parole du gouvernement.

A cette époque, dame Traîtresse est tiraillée entre ses deux mentors : le libéralisme débridé de Juppé, Duc de Bordeaux ou le conservatisme (apparent) de l’abbé Fillon mais la dame sait ratisser large. Le grand écart idéologique c’est encore un point commun avec Morveux d’Enarque.

A ce stade de mon récit parlons de l’amitié – voire de la complicité – qui unit le Marquis et le couple Traîtresse depuis l’affaire Alstom, une entreprise française qui a connu des remous au début des années 2000. L’État est alors intervenu pour la sauver en y injectant plusieurs millions.

Alstom repartira économiquement et continuera à produire des pièces stratégiques pour l’autonomie de la France, notamment des turbines pour les centrales nucléaires.

Nous sommes en 2014. L’entreprise Alstom fonctionne à merveille, c’est un fleuron français avec plus de 50 milliards de contrats en cours. Jusqu’au jour où les Américains s’en mêlent.

Le « Department of Justice », qui dépend de la Maison-Blanche et est considéré comme une arme économique pour « tuer » les entreprises, accuse Alstom de falsifier ses comptes et de verser des pots-de-vin dans le monde entier. On pousse alors le DG, Patrick Kron, à vendre Alstom au géant américain General Electric, pour plus de 12 milliards d’euros, afin qu’Alstom ne dépose pas le bilan.

Pour forcer Patrick Kron à vendre, la justice américaine ira jusqu’à emprisonner son plus proche collaborateur, Frédéric Pierucci. Il fera 25 mois de prison dans des conditions très difficiles.

Patrick Kron se résout à passer la main. Il partira avec une prime de 4 millions d’euros et une retraite chapeau de 10 millions d’euros, malgré le scandale que cela provoque dans les médias.

Mais la branche Energie d’Alstom est considérée comme « stratégique » pour la France, car elle produit les turbines des centrales nucléaires et des composants militaires. La vente doit être obligatoirement validée par l’État. Sous François Hollandouille, Vidame de Tulle, l’autorisation sera accordée par le ministre de l’Économie alors en place, Emmanuel de Morveux d’Enarque. Toute cette affaire sordide s’est jouée entre le Marquis et le mari de madame Traîtresse (8).

Après ça, ne doutons pas que Traîtresse soit une farouche opposante au Marquis !

Mais revenons à nos moutons : En 2015, Valérie se déclare candidate pour les élections régionales mais sa candidature est contestée en interne, David Douillet et Henri Guaino visent eux aussi la présidence de la région Île-de-France. Mais la mode est aux femmes et elle a de bons soutiens : elle est officiellement désignée le 5 janvier 2015.

À l’occasion des voeux, devant Sarkozizi et l’abbé Fillon, elle annonce alors qu’elle compte se consacrer exclusivement à sa région si elle est élue. Le 18 décembre 2015, elle devient la première femme présidente du Conseil Régional d’Île-de-France.

En 2016, lors de la primaire des « Ripoux-blicains », sa position s’apparente à celle d’une girouette ou mieux, d’un métronome : un coup à droite, un coup à gauche. Elle veut aller à la soupe mais elle a du mal à choisir la soupière. Dans un premier temps, elle soutient l’abbé Fillon et son programme conservateur, puis elle se rallie au Duc de Bordeaux, ultra libéral. Ce dernier battu, elle revient minauder auprès de l’abbé Fillon. Est-elle (re)devenue de droite ? Que nenni !

En juillet 2017, elle crée le mouvement « Soyons libres », et se positionne en farouche opposante de Laurent Wauquiez qu’elle juge trop à droite. Elle veut une ligne plus centriste, plus moderne, plus européiste et elle dénonce la droitisation des « Ripoux-blicains ».

En 2018, elle soutient à deux reprises le gouvernement du Marquis. Certains la voyaient même entrer au gouvernement (9). Elle claque la porte des « Ripoux-blicains » le 5 juin 2019 à la suite du mauvais score obtenu par le parti aux européennes. Pour justifier cette décision, elle déclare que « le parti est cadenassé de l’intérieur, dans son organisation et dans ses idées ».

Et puis, toujours prête à aller à la gamelle, en juillet 2021, elle annonce sa candidature à une hypothétique primaire de la droite en vue de l’élection présidentielle de 2022. Et elle reprend sa carte chez les « Ripoux-blicains ». Le 4 décembre 2021, elle remporte la primaire face à Éric Ciotti, avec 60,95 % des suffrages exprimés. La « droite-cachemire » et le centre flou jubilent : c’est la première fois que leur mouvance est représentée par une femme dans la course à l’Élysée.

Elle affirme en août 2021 qu’elle est « deux tiers Merkel, un tiers Thatcher ». Ce genre d’allégation ne mange pas de pain, mais ça plait aux imbéciles. En fait, si on écoute ses discours en vue de la présidentielle, et qu’on est assez stupide pour la croire, elle est un tiers Zemmour, un tiers Le Pen et un tiers…Pinochet. Elle prône une approche très restrictive de l’immigration en France ; elle voit dans l’immigration un « défi de société majeur » ; elle suggère l’instauration de plafonds annuels d’immigration et des conditions plus strictes pour la délivrance d’un titre de séjour : entre autres, avoir des « ressources suffisantes », « maîtriser la langue française » et « respecter les valeurs de la République ». Elle souhaite exclure les personnes résidant en France depuis moins de cinq ans des dispositifs d’aides sociales et, cerise sur le gâteau (ou datte sur le loukoum ?), elle veut nettoyer les banlieues de non-droit au Kärcher, cet engin que Sarkozizi, si j’ai bien compris, avait oublié à la cave. Il doit être neuf car, à ma connaissance, il n’a jamais servi. Et au besoin, elle envisage d’envoyer l’armée dans les quartiers aux mains des dealers. Enfin un programme droitier, on croit rêver !

Bien évidemment, la dame Traîtresse en campagne prône une Europe « forte » mais se déclare « contre la supériorité du droit européen sur les droits nationaux des États membres » qui découle pourtant des traités européens, est en faveur d’une ligne dure contre le Royaume-Uni, pour le « punir » du Brexit. Diantre, voilà une femme à poigne, courageuse et « qui en a » !

Quand va-t-on se décider, dans ce pays fort en gueule, à créer un ministère des promesses non tenues ? Car ne soyons pas dupes, ne soyons pas les dindons de cette mauvaise farce. On me dit que dame Traîtresse serait franc-maçonne et c’est fort possible. Les loges continueront donc à tirer les ficelles de leurs marionnettes…Le Morveux ou la Traîtresse, peu importe !

En réalité, Valérie Traîtresse c’est un tiers d’Evita Perón pour le blabla, un tiers de la Grande Duchesse de Gerolstein pour l’inconstance et un tiers de la Mère Ubu pour l’ambition démesurée.

Disciple de Chiraclure, elle aura passé sa vie à dire tout et son contraire.

Elle nous refait le même coup, le même enfumage grossier, que Sarkozizi en 2007. Rappelez-vous : il nous promettait le Kärcher et on a eu…Kouchner. En avril prochain, si un second tour oppose la Traîtresse au Marquis, j’irai à la pêche…et je laisserai cette morue quinqua et ce jeune maquereau (faire semblent de) se battre entre eux.

 

Notes :

1)- La Comtesse de Portes, née Rebuffel, était la maîtresse de Paul Raynaud. Elle est décédée dans un accident voiture le 28 juin 1940, accident dans lequel Paul Raynaud a été blessé. De Gaulle aura ces mots sans nuance en guise d’oraison funèbre…

2)- Mais elles obéissent à la loi des dealers et/ou à la Charia.

3)- Moi-même, j’ai failli naître un 14 juillet, mais, déjà rebelle, j’ai fait attendre ma mère jusqu’au 16 juillet à 5h du matin. Ceci explique sans doute que je sois très tièdement républicain ?

4)- On aura compris que je veux dire « Bon Chirac, Bon Giscard ».

5)- Ce qui prouve bien que l’« ENARchie » est une sorte de franc-maçonnerie (ou de Mafia).

6)- Je me refuse à féminiser le mot, mais on peut aussi dire « cafteuse ».

7)- « enseignant de gauche » est un pléonasme, veuillez excuser l’auteur (note de l’éditeur).

8)- Monsieur Traîtresse sera un des rares à sauver son poste chez Alstom, étonnant non ?

9)- Il parait que le Marquis a refusé en disant qu’il n’avait aucune confiance en elle. Les foireux se reniflent entre eux, c’est bien connu.

Faites connaitre notre site, partagez !