D’après Éric de Verdelhan

 

Général Antoine de Lasalle, mort à 34 ans à la bataille de Wagram)

 

Pour les vieux soixante-huitards, dont beaucoup sont devenus des bobos de la gauche-caviar, les mitterrandolâtres encore en vie, les « éléphants » d’un Parti Socialiste moribond, le 10 mai est un anniversaire : l’arrivée au pouvoir, le 10 mai 1981, de François Mitterrand, l’ancien « Camelot du Roy », décoré de la Francisque sous Vichy (N° 2202), impliqué dans le faux attentat de l’Observatoire, celui que les médias surnommaient « Le Florentin » en référence à son art de l’esquive, illustré sous la Renaissance par des natifs de Florence comme Laurent le Magnifique (ou Machiavel).

Ce personnage ambitieux, madré, rusé, franc « comme un âne qui recule », prêt à tout pour arriver au pouvoir, avait réussi à mettre la main sur la vielle SFIO (1) pour en faire une machine à sa botte pour accéder, enfin, à la présidence de la « Ripoux-blique ».

Le règne de François Mitterrand, ce sont 14 années de gestion calamiteuse mais, en fait, ni plus ni moins que la présidence de Giscard d’Estaing avant lui, et de Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron depuis. Fêter le 10 mai 1981, c’est aussi incohérent, aussi stupide, que d’honorer le 19 mars 1962 : on ne devrait jamais se réjouir d’une catastrophe qui affaiblit la France, surtout quand on en paie encore les conséquences au prix fort !

En ce 10 mai, je souhaite, moi aussi, fêter un anniversaire, celui de la naissance d’un grand soldat : Antoine Charles Louis, Comte de Lasalle, général de cavalerie du Premier Empire, né à Metz le 10 mai 1775 et mort au combat, le 6 juillet 1809, à la bataille de Wagram.

Il aimait les combats, l’odeur de la poudre, la fête, le vin et les jolies femmes. Avec Antoine Honoré de Brack, il fut l’un des plus beaux sabreurs de l’Empire, époque qui ne manquait pourtant pas d’hommes courageux dont beaucoup sont morts, comme lui, le sabre à la main.

On raconte qu’il serait l’auteur de la chanson d’après boire « Fanchon » que je me plais à chanter, avec mes amis, les soirs de ripaille. Hélas non : l’air de « Fanchon » était déjà célèbre au XVIII° siècle (2). Dommage, j’aimais l’idée que la chanson soit l’oeuvre de Lasalle ; ça cadrait bien avec ce personnage bon vivant et fort en gueule.

Antoine Charles Louis de Lasalle naît le 10 mai 1775, à Metz, dans une famille de la petite noblesse lorraine. À 11 ans le jeune Antoine choisit la carrière des armes et, en 1786, il intègre le régiment d’infanterie d’Alsace. Le 25 mai 1791, il est nommé sous-lieutenant.

Sous la Révolution, alors que la répression s’exerce contre la noblesse, Lasalle doit quitter son régiment pour rejoindre Paris où sa famille a déménagé. L’ex officier fait partie des volontaires en partance pour l’armée du Nord. En février 1794, il intègre le 23ème régiment de chasseurs à cheval et (re)gagne très vite ses premiers galons : il est maréchal des logis le 21 mars de la même année.

Le 10 mars 1795, le Comité de Salut Public le nomme lieutenant.

Peu après, Lasalle devient aide de camp de Kellermann, général en chef de l’armée des Alpes. Intrépide et redoutable sabreur en Italie, le 7 novembre 1796, à l’âge de 21 ans, il est nommé capitaine. Le fringant officier entretient alors une relation amoureuse avec la Marquise de Sali, qui habite Vicence. Une offensive autrichienne oblige les Français à abandonner la ville mais Lasalle n’hésite pas à prendre des risques, uniquement pour aller honorer sa maîtresse. Dans la nuit du 16 décembre, avec 18 hommes, il franchit les lignes adverses et court chez la Marquise qui a rassemblé pour lui des renseignements relatifs à l’organisation des armées autrichiennes.

L’alarme est donnée, Lasalle repart en sens inverse, bouscule un détachement de hussards autrichiens et parvient à se sauver. Une quinzaine d’Autrichiens sont tués, Lasalle ne perd que quatre hommes. Il rapporte à Bonaparte des renseignements militaires d’une importance telle que ce dernier ferme les yeux sur son incartade et le nomme aussitôt chef d’escadron, le 6 janvier 1797.

En janvier 1797, à Rivoli, Lasalle lance une charge avec seulement 26 chasseurs et refoule les assaillants, puis avise un bataillon isolé et le contraint à la reddition. A la fin de la bataille, Lasalle épuisé se présente à Bonaparte qui désigne au sol les drapeaux pris à l’ennemi et lui dit : « couche-toi dessus, tu l’as bien mérité » (3). Plus tard, Bonaparte dira : « C’est Masséna, Joubert, Lasalle et moi qui avons gagné la bataille de Rivoli ». Le jeune Mosellan va poursuivre ses exploits en Italie. Il s’illustre sur les rives de la Piave contre la cavalerie autrichienne et reçoit trois coups de sabre : « ce fou de Lasalle s’est laissé emporter par sa tête » juge Kellermann qui observe la scène en spectateur.

Après la campagne, Bonaparte écrira à Mme Lasalle au sujet de son fils : « Ce brave officier s’est comblé de gloire à l’armée d’Italie ». En garnison en Italie, le brillant chef d’escadron rencontre Joséphine d’Aiguillon, la femme du général Victor Léopold Berthier, qui devient sa maîtresse.

Le 26 mai 1798, Lasalle embarque pour l’Egypte, avec le général Desaix, sur la frégate « La Courageuse ». Le 1er juillet, les troupes françaises débarquent sur les côtes d’Alexandrie. La prise de la ville s’effectue sans résistance mais, pour atteindre Le Caire, l’armée doit entamer la traversée du désert sans eau, sans vivres et harcelée par les Bédouins. Les Français arrivent à proximité des Pyramides le 21 juillet 1798. Face aux mamelouks qui se sont retranchés dans le village d’Embabeh, Bonaparte forme ses cinq divisions en carrés et lance l’assaut. La cavalerie égyptienne vient se briser sur les formations françaises. Lasalle est à la tête de 60 hommes et s’empare de la redoute d’Embabeh, ce qui coupe la retraite de l’ennemi. Le soir même Bonaparte le nomme « chef de brigade provisoire » d’une demi-brigade de chasseurs à cheval.

Le 7 août il se lance aux trousses du bey Ibrahim qui s’est enfoncé dans le désert après la bataille des Pyramides. Lasalle est en pointe avec deux escadrons. Après cinq jours de poursuite, la cavalerie française rattrape le convoi égyptien à hauteur de l’oasis de Salalieh.

Une troupe de mamelouks se déploie mais Lasalle, qui n’a que 150 hommes à leur opposer, fait sonner la charge. Un combat furieux s’engage : « Lasalle a son sabre qui tombe en parant un coup terrible, il saute de cheval, ramasse son arme, combat à pied contre plusieurs mamelucks qui s’acharnent contre ce jeune chef, mais Lasalle en blesse trois, tue un cheval, remonte sur sa monture et continue le combat ». L’arrivée des dragons de Leclerc force les mamelouks au repli.

En 1800 Lasalle revient en France. Alors qu’il reçoit des mains de Bonaparte (décision du 17 thermidor 1800), une paire de pistolets et un sabre d’honneur, il aurait eu ce mot célèbre :

« Un hussard qui n’est pas mort à trente ans est un jean-foutre. »

Nommé colonel, Lasalle fait figure d’enfant terrible dans la cavalerie légère et entretient soigneusement la réputation des hussards : grand amateur d’alcools forts, il fonde la « Société des Assoiffés », une initiative qui fait jaser toute la bonne société parisienne.

On lui confie le commandement du 10ème régiment de hussards, et c’est à la tête de cette unité qu’au combat de Vilnadella, le 27 nivôse an IX, il a trois chevaux tués sous lui et brise sept sabres. Il est fait Commandeur de la Légion d’Honneur le 25 prairial an XII. Général de brigade le 12 pluviôse an XIII (1er février 1805), le 11 ventôse suivant, il commande une brigade de dragons stationnée à Amiens. C’est avec elle qu’il s’illustre encore à la bataille d’Austerlitz.

La prise de la forteresse de Stettin, le 29 octobre 1806, est un de ses nombreux exploits. Il vient assiéger la ville défendue par les 10 000 hommes du général von Romberg. Les Prussiens sont retranchés dans la forteresse, bien armés, et alignent plus d’une centaine de canons. Lasalle ne dispose que de deux régiments de cavalerie comptant 500 hommes au total. Il ordonne la confection de canons en bois et dispose sa troupe comme pour un siège. S’ensuit un échange de messages entre les deux camps : Lasalle menace de bombarder la ville et de ne pas faire de quartier, et gonfle fortement ses effectifs. Le général von Romberg décide alors de capituler. Les Prussiens sont stupéfaits en rendant les armes de constater que les Français sont si peu nombreux.

Général de division le 30 décembre 1806, il est nommé commandant de la cavalerie légère en 1807. À la bataille d’Heilsberg le 12 juin 1806, le prince Murat est entouré par une douzaine de dragons russes. Lasalle se rue seul à l’aide de Murat. Il tue l’officier qui commande le détachement et met les dragons en fuite. Peu après, alors qu’il est enveloppé à son tour, Murat se précipite, dégage celui qui venait de lui sauver la vie et dit en lui serrant la main : « général, nous sommes quittes ».

En juillet suivant, l’Empereur lui confère la croix de Chevalier de la Couronne de Fer.

Le 15 février 1808 il rejoint l’armée d’Espagne avec sa cavalerie. Au mois de juin, à Torquemada, il défait un corps d’insurgés espagnols. Il se porte ensuite sur Palencia et marche sur Valladolid. Au village de Cabezon, trois lieues avant Valladolid, il rencontre un corps de troupes de 7 000 hommes. Il les attaque et les bat. L’ennemi abandonne son artillerie et laisse plus de 1 000 morts sur le champ de bataille. Le 14 juillet 1808 à la bataille de Medina del Rio Seco, Lasalle, par une charge héroïque, apporte la victoire aux Français. 3 000 Espagnols restèrent sur le champ de bataille, tués ou blessés. En septembre 1808, l’Empereur le nomme Grand Officier de la Légion d’Honneur, et le fait Comte de l’Empire.

Le 6 juillet 1809, au soir de la bataille de Wagram, séparé de ses hussards, il avise un bataillon d’infanterie ennemi et essaie, avec quelques cuirassiers, de le disperser. Il est tué, frappé d’une balle en pleine tête. La veille de la bataille, il avait dit à son aide de camp, le chef d’escadron Charles Cyr du Coëtlosquet : « Je ne survivrai pas à cette journée. »

Il meurt à 34 ans, en ayant dépassé de quatre ans la limite d’âge qu’il s’était lui-même fixée.

Un décret impérial du 1er janvier 1810 ordonna que la statue de Lasalle soit placée sur le pont de la Concorde. Une rue de Metz prit son nom et son portrait fut placé dans un des salons de l’Hôtel-de-Ville. En 1891, une statue de Lasalle fut érigée à Lunéville. Il a son buste dans la galerie des batailles du château de Versailles et son nom gravé sous l’Arc de Triomphe de l’Étoile (pilier Est).

Et quelques « grognards » – dont je me targue d’être – nostalgiques d’une époque révolue, celle de la grandeur de la France, et héritiers revendiqués de sa « Société des Assoiffés » lui rendent régulièrement hommage en entonnant après moult beuveries :

« Amis, il faut faire une pause, /J’aperçois l’ombre d’un bouchon, Buvons à l’aimable Fanchon, /Chantons pour elle quelque chose… »

 

 

Notes :

1)- Section Française de l’Internationale Ouvrière.

2)- On la retrouve, en 1757, dans les poésies de l’abbé de L’Attaignant. Les paroles de deux couplets figurent dans « Les contemporaines communes » de Restif de la Bretonne, publié en 1790.

3)- Quand la France n’avait pas honte d’elle-même, le « lit de drapeaux » de Lasalle figurait dans les livres d’histoire.

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