D’après Llorenç Perrié Albanell
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté en France ce samedi 29 mai contre la censure de certains articles de la loi Molac par le Conseil constitutionnel. 10 000 pour le Pays-Basque (6000 selon la préfecture), 10 000 en Bretagne (6000 selon la préfecture), 200 à Bastia, 200 en Alsace où le président de la région Grand Est, Jean Rottner (LR), s’est fait enfariner par un militant autonomiste au cri de « félon ! » et « traître ! », 150 à Toulouse, entre 2000 et 3000 personnes à Perpignan selon l’organisation, 450 selon la préfecture.
Au regard de la situation critique que rencontre la langue catalane dans notre département et du nombre croissant de demandes de scolarisation par les parents, on est en droit d’être mitigé sur le nombre des participants en Pays Catalan. Si l’on souhaite affiner la critique, on peut mentionner par exemple que l’ensemble du réseau Bressola (associatif) comptabilise 1000 élèves scolarisés, le ratio scolarisés/ mobilisés est donc faible, pour ce segment de l’enseignement en langue catalane, reste à affiner le réseau Arrels (associatif), des options « catalan » du secteur public et le réseau associatif des cours de catalan pour adulte. La mobilisation, comme dans d’autres secteurs de la société civile, reste compliquée.
On remarquera la présence de quelques racoleurs d’Europe Écologie les Verts, venus parader avec leurs drapeaux et distribuer leurs tracts, là où les acteurs des mouvements et partis politiques nord-catalans, bien présents, se sont fait discrets. De nombreux élus étaient présents, écharpe tricolore en bandoulière, ayant adopté la même posture, venus en soutient et conscients de la nécessité de non récupération d’une mobilisation se voulant avant tout unitaire, dont la revendication est celle d’un bien commun. En revanche ce n’est pas le cas de la poignée de militants visiblement peu au fait de l’importance de la manifestation. Leurs slogans indépendantistes dans ce type de manifestation ne peuvent qu’être néfastes, contre-productif et peuvent servir d’arguments aux quelques jacobins embusqués en quête de ce genre de détail. Quant aux élus de la mairie de Perpignan, ils ont brillé par leur absence.
Si l’on doit retenir un sentiment issu des débats entre les manifestants ou des allocutions à la tribune, c’est celui de la stupéfaction d’une décision anachronique, d’une attitude toujours plus sectaire d’une République donneuse de leçon, incapable d’appliquer ses principes aux peuples autochtones de l’Hexagone. Les langues régionales ne sont pas un danger pour la République, surtout quand on pense au stade terminal où les institutions les ont menées, en revanche cette République est un danger pour les langues régionales.
L’échec de la qualité de l’enseignement public est patent, l’enseignement immersif devrait-il faire les frais d’une telle incurie ? La France, mauvaise élève en Europe en termes d’apprentissage des langues et en nombre de locuteurs bilingues ferait mieux de changer sa politique d’enseignement globale, à la place de discréditer et de tenter de déconstruire 40 à 50 années d’expérience positive d’enseignement alternatif mené à bout de bras par les acteurs du secteur associatif des langues régionales.