gilets jaunes gallargues

A Gallargues, autour du rond-point emblématique des arrivées touristiques de l’été, la résistance des Gilets Jaunes du terroir s’organise dès le samedi 17 novembre.

Plus de 1.000 personnes ont parcouru la chaussée, et au plus fort de la fréquentation, on a répertorié plus de 700 manifestants vêtus du fameux gilet, en même temps.

Les premières « cabanes » se montent, avec des palettes et des bâches. On allume des barbecues et des feux de camp. Certains Gilets Jaunes ont d’ores ont déjà passé la nuit sur place, démontrant la volonté d’une résistance à long terme.

Tout le week-end, ce lieu stratégique est fréquenté par des marcheurs symbolisant la société qui souffre : retraités, employés, ouvriers, artisans et petits commerçants.

Lundi, la décision de s’ancrer dans l’action de résistance est prise à la plus large majorité. Les retraités et sans emploi sont les plus nombreux bien sûr, mais les employés et artisans les rejoignent en dehors de leurs heures de travail, ne comptant pas leur fatigue.

Ce qui aboutit finalement à une occupation de 120 à plus de 200 personnes régulièrement. La solidarité se met en place : un traiteur vient sur place faire une paëlla pour 200 personnes… il n’y en aura pas pour tout le monde, c’est dire que les chiffres diffusés par les médias sont largement en-dessous de la réalité… A Gallargues, c’est la vraie France qui résiste, celle des travailleurs, ou de ceux qui ont travaillé toute leur vie. Ceux pour qui la vie devient en état de fait de la SURVIE.

Tout se passe sans incident, les gendarmes nous surveillent, discutent avec nous, ils ne sont pas hostiles on le sent bien, ils tournent eux aussi autour du rond-point, il y a toujours un blagueur qui leur dit « Vous ne mettez pas le gilet jaune ? ». Ils sourient de la plaisanterie, n’expriment aucune hostilité. On dirait bien que le gilet jaune, ils l’ont dans la tête même s’ils ne l’ont pas sur les épaules.

L’ambiance devient franchement style « gaulois réfractaire », c’est-à-dire bon enfant mais extrêmement déterminée. Aucune invective, aucune violence mais une volonté de résister encore et toujours. De temps en temps, une Marseillaise est entonnée, des drapeaux bleu-blanc-rouge décorent les véhicules qui amènent du bois pour alimenter les barrages et les feux de camp. Des personnes passent pour apporter des victuailles, les garde-manger improvisés.

A noter que nous n’avons vu que cinq ou six immigrés sur les quelques deux mille Gilets Jaunes qui sont passés sur le rond-point. On nous dit qu’ils sont des « chances pour la France » mais bien peu se sentent concernés, visiblement. Pardon… il y a bien eu des « jeunes » de Pissevin et Valdegour qui sont venus en découdre un soir. Comme ils se sont rendu compte qu’ils n’étaient pas à cinq contre un, ils se sont vite « barrés ». Il faut dire que les chasseurs du terroir ne sont pas des mauviettes…

Mercredi, malgré les orages diluviens de la nuit, les veilleurs sont restés en place, maintenant à bout de bras les bâches des guitounes comme ils ont pu. Du coup un artisan compatissant amène des bannes de stores pour renforcer les abris. A midi, j’apporte une marmite de sauce

Bolognaise, d’autres font cuire les pâtes. On complète avec du sanglier cuit à la broche la veille. Et bien sûr on n’oublie ni le pastaga, ni la bière, ni le rouge. Il faut dire, comme l’annonce un panneau posé sur l’écran autoroutier, que ça nous revient moins cher que le gazole !

Tout est en place pour une résistance longue durée… les habitudes sont déjà installées… et bien sûr c’est le moment où les autorités estiment que… cela ne peut pas perdurer ! Un officier de gendarmerie tente une négociation, demande qu’on accélère le passage des voitures et camions qu’on filtre déjà à la petite vitesse. Sinon, il sera contraint d’en référer et les CRS seront envoyés. Résultat : un durcissement de la situation, les CRS arrivent, mettent trois heures à déblayer le passage pour les véhicules sous les regards des Gilets Jaunes goguenards ou énervés. Il faut noter qu’aucun blessé n’est à déplorer, comme disent les journaleux, bien que les manifestants aient été à ce moment bien plus nombreux que les CRS. Ceux-ci repartent finalement vers l’autoroute le devoir accompli.

Ils sont à peine arrivés au péage, à huit cents mètres de là, qu’un camion de remblai arrive sur le rond-point et déverse son chargement en plein milieu de la chaussée, rebloquant le rond-point de nouveau. Les guitounes bousculées sont remises en état, et zou, c’est reparti pour une autre nuit de veille.

Aujourd’hui, jeudi 22, les CRS sont de nouveau annoncés à l’heure où j’écris… Quelle que soit l’issue de cette nouvelle intervention, la volonté de résistance est là, indéboulonnable.

Ils se réinstalleront.

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