Par Antonin Campana

 

Notre critique du droit naturel, de l’État de droit, de la démocratie représentative ou de la laïcité peut paraître à certains bien abrupte, trop radicale, voire erronée. Quelques-uns nous reprochent de rejeter tout en bloc, sans égards pour les aspects positifs. Ainsi, puisque nous nous moquons des « droits naturels », on nous soupçonne de remettre en cause les « droits fondamentaux » qu’ils contiennent.

Ainsi, puisque nous reprochons à l’État d’être soumis au Droit, on nous demande si l’inverse serait, selon nous, préférable. Ainsi, puisque nous remettons en cause la « démocratie représentative », on voudrait savoir quel autre système nous proposons. Ainsi, puisque nous dénonçons la laïcité, on laisse entendre que nous serions contre la liberté religieuse.  Nous comprenons et respectons toutes ces objections (et d’autres encore, que nous pourrons traiter dans un autre texte). Elles procèdent d’interrogations légitimes et montrent que nous devons encore travailler et préciser nos arguments.

Voici néanmoins une première réponse, rapide et synthétique.

 

Notre critique des « droits naturels »

Notre critique des « droits naturels » ne remet pas en cause l’existence de « droits fondamentaux » (encore convient-il de les sortir de l’abstraction). Nous soulignons simplement que les « droits naturels », en tant que droits révélés par des philosophes, accordés par la Nature ou inhérents à la nature humaine, shuntent la volonté humaine, s’imposent à elle et permettent de penser et d’établir une société globale. La Nature ne nous accorde pas plus de droits qu’au ver de terre. Du point de vue du cosmos, la nature humaine n’est pas au-dessus de la nature chevaline ou de la nature drosophile. A tous, à l’homme comme à la mouche, n’est accordé qu’un seul droit, celui d’essayer de survivre et si possible de se reproduire. L’idée de « droits naturels » humain est donc à la fois une croyance et un instrument de persuasion globaliste. Ceci étant dit, il n’empêche que les hommes (et non l’Homme !) ont effectivement des droits. Mais ces droits ne sont pas universels ! Ils ne découlent pas de leur « nature » mais de leur culture, de leur histoire, de leur religion, de leurs structures sociales, de leur volonté, etc. Autrement dit, le contenu concret des « droits fondamentaux » que se donnent les hommes vont varier avec le temps et d’une société à l’autre. Répétons-le : par définition, ces droits ne sont ni « naturels », ni « universels », ni « intemporels », ni « absolus ». En aucun cas les « droits fondamentaux » définis par telle ou telle société ne pourraient « naturellement » être acceptés par telle ou telle autre, et encore moins constituer les bases d’une organisation sociale qui unifie des populations différentes. Interrogez-vous : quels sont les « droits fondamentaux » de l’Homme selon un islamiste ? Pensez-vous vraiment qu’il n’en connaît aucun ?

 

Notre critique de l’État de droit

De la même manière, notre critique de l’État de droit ne signifie pas que l’État pourrait être au-dessus des lois, voire « hors la loi ». L’État est un instrument au service du peuple. Il protège et manifeste sa volonté, donc ses lois. Si le droit dont nous parlons est issu de la volonté du peuple, alors l’État, garant de cette volonté, doit par définition s’y soumettre. Mais si ce droit ne provient pas de la volonté du peuple, mais d’une transcendance qui s’impose à cette volonté, alors l’État qui se soumettrait à ce droit transcendant ferait en quelque sorte sécession du peuple : il deviendrait un État théocratique. De ce point de vue, l’État de droit occidental, soumis au « droit naturel » révélé, est tout aussi théocratique que l’État islamique soumis à la charia révélée : les deux se soumettent et se déterminent en fonction d’une loi qui ne vient pas des hommes mais d’une transcendance. Les deux, structurellement, sont certes des « États de droit », puisqu’ils se soumettent à un droit supérieur, mais sont aussi et surtout des États totalitaires, puisqu’ils ignorent la volonté du peuple. Seul un État de droit (positif) autochtone pourrait être à la fois non théocratique et démocratique.

 

Notre critique de la « démocratie représentative »

Venons-en justement à la « démocratie représentative ». Pourquoi la contestons-nous ? Un peu pour les mêmes raisons : parce que la démocratie représentative n’exprime pas en Occident le « pouvoir du peuple » mais le pouvoir de prétendus « représentants du peuple »… qui dans les faits représentent surtout les intérêts de l’oligarchie. Si la « démocratie » était le pouvoir du peuple, alors le premier pouvoir qu’aurait le peuple serait d’affirmer librement sa personnalité, notamment en s’organisant selon les valeurs identitaires qui lui sont propres et par définition non universelles. Et qu’ont fait tous les « représentants du peuple », partout en Occident, sitôt la démocratie représentative installée ? Premièrement, refoulant les identités, ils ont prétendu assurer la cohésion du peuple sur la base de valeurs prétendument universelles ; deuxièmement, ils ont substitué une appartenance juridico-administrative de papier à l’appartenance identitaire enracinée ; troisièmement, conséquence logique de ce qui précède, ils ont ouvert les frontières à l’immigration de peuplement. Autrement dit, ces « représentants du peuple » ont toujours travaillé à tuer leur propre peuple ! N’est-ce pas sous les auspices de la « démocratie représentative » que s’est fait le Grand Remplacement ? On aura compris que, selon nous, on ne pourra réhabiliter la démocratie comme instrument du peuple, sans mettre fin à la « démocratie représentative » comme instrument de l’oligarchie.

 

Que dire de plus sur la laïcité ?

Quand les républicains, eux-mêmes, ont proclamé qu’elle était un « instrument », une « méthode » ou un « moyen » pour assurer la cohésion d’une population qui par leurs soins est devenue ethniquement hétérogène ? Qu’oppose-t-on au « séparatisme islamique » si ce n’est le vivre tous ensemble selon les principes de la laïcité ? Pour la galerie, la laïcité se résume à la liberté religieuse et à la neutralité de l’État. C’est ce qu’on nous vend et qui pourrait s’entendre. Mais peut-on être à la fois pour la liberté religieuse et la neutralité de l’État (dans la mesure où celui-ci assure la prééminence autochtone) tout en n’étant pas dupe de la laïcité ? Car derrière l’idée de laïcité « à la française » se cache bien la volonté de neutraliser l’espace social, de le rendre culturellement insignifiant de manière à le rendre acceptable par tous.  Quelle identité doit régler le fonctionnement de la société quand plusieurs identités se font face ? La laïcité répond : aucune ! C’est-à-dire pas plus l’identité autochtone que telle ou telle identité allochtone. Dès les années 1920, avant donc la construction de la société multiethnique, Coudenhove-Kalergi affirme qu’il faudra séparer l’identité nationale de l’État, selon le modèle de la séparation de l’Église et de l’État. La raison invoquée ? Se donner ainsi les moyens de construire une société métissée ! On ne peut mieux dire que la laïcité dont nous parlons excède largement la tarte à la crème de la « liberté religieuse » pour devenir, au nom de la nécessité multiraciale, un instrument de déculturation, de contrainte des identités et de métissage.  Dans l’esprit de ses promoteurs, la laïcité détermine la faisabilité d’une société multiraciale. Elle la rend (théoriquement) possible ! La liberté religieuse et la neutralité de l’État ne sont ici que des leurres. L’essentiel n’est pas là, l’essentiel, depuis les années 1970, n’est plus là ! L’essentiel est le projet mondialiste que sous-tend la méthode et que permet l’instrument. Ceux qui refusent ce projet mondialiste doivent en tirer les conclusions.

Quand Copernic a démontré que la terre, notre demeure, n’était pas au centre de l’univers, beaucoup de ses contemporains se sont pensés rabaissés et en ont ressenti de l’humiliation. Quand Darwin a montré que nous « descendions du singe », les mêmes sentiments ont heurté la population. Il est toujours très confortable de se sentir au-dessus du lot, supérieur, élu ou choisi. Il est toujours douloureux d’être ramené au commun. Néanmoins, il est certaines situations où il vaut mieux avoir conscience des réalités, même cruelles, plutôt que de s’enfermer dans des mythologies certes réconfortantes, mais fausses.

Affirmer l’État de droit, les droits naturels de l’Homme, la laïcité ou la « démocratie » face à l’islam et à sa barbarie est une manière de manifester indirectement notre ouverture d’esprit, notre grandeur d’âme, notre générosité, bref notre supériorité. A l’inverse, montrer la mystification inhérente aux idées d’État de droit, de laïcité, de droits naturels de l’Homme ou de démocratie représentative, bref tout ce qui fait « notre » société, revient en quelque sorte à annuler cette prétendue supériorité et à nous faire descendre de notre piédestal. Déchoir est toujours frustrant et génère des résistances. Jésus-Christ a été crucifié pour avoir renvoyé le « peuple élu » dans l’humanité anonyme. Néanmoins, quel est le prix de notre confort moral ? Car au final n’est-ce pas en raison des mystifications que nous dénonçons que nous subissons le Grand Remplacement ? Ce confort moral, cette illusion de supériorité, vaut-il la disparition d’un peuple ?

Ce que nous proposons ? On l’aura compris : l’inconfort de la lucidité… pour commencer !

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