Jeanne d’Arc

Le billet d’Éponine

        Mon credo, c’est la France. La France de la tradition, de la culture, de la grandeur qui en a fait un phare de l’humanité.

        Comme beaucoup de Français, les personnages majeurs des leçons d’histoire de mon enfance sont restés gravés dans ma mémoire comme des images d’Épinal, par-delà la modeste érudition que j’ai pu engranger depuis. Et pour moi la figure de Jeanne d’Arc se parait d’une aura toute particulière. Jeune pucelle croyante autant que guerrière, elle a su sauvegarder le royaume de France quand tout semblait perdu.

        Alors quand j’ai vu Marine Le Pen prendre les rênes des élections présidentielles, j’ai cru reconnaître, en elle, notre Jeanne des temps modernes. Sa personnalité, sa prestance, sa blondeur même m’évoquait irrésistiblement la grande héroïne. J’ai donc décidé de prendre part à sa campagne parmi ses militants. Grands moments où nous avons été portés par une vague qui pouvait annoncer un tsunami patriote (ou nationaliste si on préfère). Sans croire vraiment à la victoire, je mettais la barre minimale à 40% pour le deuxième tour, chiffre qui me paraissait définir le seuil de crédibilité pour l’avenir.

        Les résultats sont tombés pour moi comme un couperet  : 34%, 6% de moins que la limite que j’estimais fatidique. Et comme tout bilan mérite une analyse, j’ai voulu évaluer la part de puissance de l’ennemi et la part de responsabilité de « ma » candidate.

        Il est vrai que la puissance de l’ennemi et sa capacité à séduire, sinon à convaincre a été considérable. Tous les médias à l’unisson pour chanter ses louanges à défaut de pouvoir présenter un programme qui ne fût pas un inventaire de promesses à la Prévert. Même les feuilles de chou « people » y allaient de leur flagornerie envers le futur couple présidentiel en occultant qu’il se transformerait « ô miracle » en trio. Il faut dire que lorsqu’on a Soros, Rotschild, Drahi, Baylet et Bergé (entre autres) comme appuis, on est plutôt dans l’aisance de communication !

        Au-delà des médias, nous avons pu vérifier le dévouement des plus hauts magistrats dont la cécité sélective leur a permis d’ignorer les lourds soupçons de malversations pesant sur notre sémillant Macron… ils avaient dû se fatiguer la vue sur les dossiers de Fillon…

        En bref, les relais du Bilderberg étant tout acquis au fils spirituel de Hollande, il eut été inconcevable de ne pas prévoir sa victoire.

        J’en viens à « ma » candidate. Les résultats du premier tour avaient certes été en-deçà des espérances, mais les “coups de maître” s’étaient succédés : Whirpool d’abord, puis l’alliance avec Dupont-Aignan ensuite, aussi énorme qu’inattendue. Cet accord représentait une recomposition du paysage politique de France en jetant les bases d’un bipartisme imprévu : souverainisme contre mondialisme, avec récupération d’une droite traditionnelle enfin décomplexée. Un tapis rouge, ou plutôt bleu marine se déroulait, promettant sinon l’Elysée du moins un coude à coude glorieux.

        Un clash s’est pourtant produit : « LE » débat. Attendu, espéré. Nous allions voir ce que nous allions voir. Même Jean-Marie du même nom augurait que sa fille serait une très bonne débatteuse. Marine Le Pen avait su au fil des semaines acquérir une stature présidentiable et ce face-à-face devait conforter cette situation, renvoyant Macron à son inconsistance.

        Nous avons vu, oui. Pas un débat mais un échange où Marine Le Pen a porté des coups avec agressivité sans compenser par une connaissance suffisante des dossiers et une maîtrise des arguments techniques notamment sur la délicate question européenne. Résultat : la médiocrité du petit Macron est passée pour de la compétence. Lui qui paraissait léger depuis des semaines a acquis un poids supplémentaire en quelques réponses à peu près cohérentes.

        La conséquence de ces calamiteuses “deux heures” se retrouve dans les chiffres : 66% pour le bébé-Hollande, 34% pour celle qui aurait dû être, au moins, à 4 points de plus.

        A la question « quel est l’électorat qui s’est désisté ? » la réponse me semble limpide : Marine Le Pen avait la capacité de convaincre une bonne partie de l’électorat de François Fillon. En effet, les électeurs LR dont le vote s’était porté sur Fillon représentaient la tendance la  plus identitaire de ce parti, et auraient opté pour elle sans cette décevante performance… Quant aux Insoumis, oscillant parfois et suivant les élections entre Mélenchon et le FN, ils n’ont pas été séduits par l’agressivité surjouée de la “challenger” du système. Mathématiquement, ce raisonnement se recoupe : 11,47% des bulletins ont été blancs ou nuls. Et si la moitié de ces électeurs avait été convaincue de voter Le Pen ?… Je retrouve la « barre » des 40%.

        Le vrai problème se pose maintenant : Marine Le Pen parviendra-t-elle à se défaire de l’image négative qu’elle a donnée ce fameux 3 mai ? Pourra-t-elle éviter qu’à chaque étape de sa carrière politique on lui ressorte les vidéos de ses débordements ? Le nom des Le Pen ne restera-t-il pas définitivement entaché après le refus d’obstacle de la fille, après le père ? Je crains la réponse négative à ces interrogations…

        …Et ses retombées sur les législatives.

        Quant à moi, je suis triste et déçue bien sûr ! Je sais maintenant que n’est pas Jeanne d’Arc qui semble…
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