D’après Breizh-Info

Les corses semblent cultiver le paradoxe en politique. Le 14 décembre 2015 nationalistes et régionalistes unis l’emportaient pour la première fois au second tour des élections régionales sans toutefois obtenir une majorité absolue avec 24 sièges sur 51. Néanmoins 3 jours après Gilles Siméoni était élu Président exécutif par l’assemblée corse, une victoire historique.

        En avril dernier, au premier tour des élections présidentielles Marine Le Pen arrivait largement en tête à la présidentielle en Corse avec 28% des suffrages. La candidate du Front national obtenait même près 31% de voix à Ajaccio comme à Bastia. Un score étonnant pour un parti qui cultive « sur le  continent » un jacobinisme exacerbé : suppression des régions, hostilité à l’enseignement des langues régionales… et le rejet de toute forme de  communautarisme. Ce résultat paradoxal tient au fait que le FN et Marine Le Pen savent en Corse s’appuyer sur la fibre identitaire et le rejet de l’immigration, un sentiment largement partagé comme l’ont montré les événements de l’été 2016.

        Ainsi lors de sa visite sur l’île de beauté Marine Le Pen, sur fond de drapeau à tête de maure, n’avait  pas ménagé ses efforts de séduction à l’adresse des Corses, annonçant que si elle entrait à l’Élysée, elle organiserait le rapprochement dans l’île des prisonniers corses emprisonnés sur le continent, une revendication de longue date des acteurs locaux. Défendant l’enseignement de la langue corse, Marine Le Pen s’était  engagée en outre à rapatrier les cendres de Napoléon III de Grande-Bretagne en Corse et à interdire tout match de football en France chaque 5 mai, jour anniversaire de la catastrophe du stade de Furiani à Bastia. Son discours se termina par l’hymne corse, le Dio vi salvi regina, dont les paroles avaient été distribuées aux sympathisants et militants. Un tract spécifique présentant les « sept mesures pour la Corse » de la présidente du FN avait même été édité.

Le résultat politique ne s’était pas fait attendre aux premier et second tour où elle atteignait même 48, 52 %, son record national.

        Au premier tour des élections législatives les corses ont confirmé leur vote de 2015 en mettant en tête les candidats nationalistes et régionalistes toujours unis : 30, 4% à Bastia, 36, 4% à Corte, Calvi et en seconde position à Sartène 29,1% derrière le candidat de droite du clan Rocca Serra 36 %,  « tenant » la circonscription depuis des décennies. A Ajaccio le candidat régionaliste n’arrivait qu’en 3ème position à 13 voix seulement du candidat En Marche.

        Le second tour a confirmé la poussée nationaliste des électeurs corses. En Haute Corse, c’est le grand Chelem les « natios » de Pè a Corsica  l’emportant dans les deux circonscriptions avec des scores sans appel de 63 et 61% ils l’emportent même à Sartène avec plus de 55%.

        A l’inverse des élus d’Irlande du nord  du Sinn Fein qui ne siègent pas à Westminster, les nationalistes corses siégeront au Palais Bourbon pour y porter deux revendications essentielles : co-officialité de la langue corse et création d’un statut de résident. Un  responsable nationaliste l’explique : « cette position de force inédite dans l’histoire nous donne surtout la capacité de poser la question corse au cœur des institutions françaises dont nous avons toujours été exclus ».
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