Paracuellos terreur rouge

 

Le billet d’Eric de Verdelhan 

 

« … Les Socialistes espagnols, longtemps avant l’intervention militaire de Franco, avaient déjà poignardé la république. Dès 1933, leur leader, Largo Caballero, avait fait le choix de tourner le dos à la démocratie en prônant la « révolution socialiste et sanglante ; une révolution qui ne se fera que dans la violence ! » … Dans une Espagne en paix, les Socialistes avaient fait distribuer des milliers d’armes pour préparer le grand soir ibérique… Chaque jour les milices socialistes faisaient abattre des ennemis de classe : ouvriers, paysans, bourgeois, catholiques, et des parlementaires de droite !

Tout cela relativise un peu le coup de force d’un Francisco Franco, général légaliste, qui avait déjà refusé par trois fois de tremper dans un coup d’état… »

                                                                                                                                         Éric Brunet (1)

 

(…) Dans notre inconscient collectif, la guerre d’Espagne – de 1936 à 1939 – c’est l’escadrille de Malraux, c’est Ernest Hemingway, ce sont les Républicains et Démocrates de tous les pays qui s’enrôlaient massivement dans les « Brigades Internationales » pour lutter contre le « Fascisme » incarné par les troupes marocaines et les légionnaires de Franco. Les Républicains espagnols étant le camp des justes et celui des Nationalistes, la « peste brune », car allié à l’Allemagne nazie et à l’Italie de Mussolini. Pourtant, que cela plaise ou non, la vérité est un peu différente…

Juste après le 17 juillet 1936, les organisations « prolétariennes » », (communistes et anarchistes) prennent le pouvoir dans les villes et dans les campagnes. En Catalogne et en Aragon, malgré les consignes de la Confédération Nationale du Travail (CNT), l’économie est collectivisée par les militants de base. En Andalousie, des groupes anarchistes décrètent l’abolition de la propriété et de la monnaie. Des milices socialistes, anarchistes, communistes, apparaissent dans tout le pays.

Parmi les violences commises durant la guerre d’Espagne, les attaques contre le clergé espagnol ont causé un émoi particulier dans ce pays fortement christianisé. Pour l’historien Guy Hermet (2), le massacre des prêtres espagnols représente « la plus grande hécatombe anticléricale avec celles de la France révolutionnaire puis du Mexique d’après 1911 ». Des groupes anarchistes s’en prennent à des prêtres et à des églises dès les premiers mois de la guerre civile.

La propagande nationaliste avance le chiffre de 20.000 prêtres massacrés.

L’historien britannique Antony Beevor (3) cite le chiffre de 13 évêques, 41.814 prêtres, 2.365 membres d’ordres divers et 283 religieuses, pour la plupart tués au cours de l’été 1936.

Des exactions sont commises en Aragon, en Catalogne et à Valence, où des églises sont incendiées et vandalisées. Des prêtres sont brûlés vifs dans leurs églises, et l’on signale des dizaines de cas de castration et d’éviscération. Les violences contre le clergé ont lieu à peu près partout sauf au pays basque espagnol (pour la simple raison qu’une partie du clergé basque est du côté des Républicains). Rapporté aux effectifs du clergé espagnol, le nombre de victimes représente 13 % des prêtres diocésains, 23 % des religieux et 3 à 4 % des religieuses. Ces pourcentages, qui comptabilisent l’ensemble du territoire espagnol, sont largement dépassés s’agissant de la seule zone « loyaliste » : les assassinats de prêtres concernent 87,8 % de ceux du diocèse de Barbastro et 63,5 % de ceux du diocèse de Lérida. D’autres diocèses perdent 30 à 50 % de leurs prêtres, parfois plus.

Pendant plusieurs mois, en dehors du pays basque, le seul fait d’être reconnu comme prêtre peut- être un motif d’assassinat. Dans la région de Barcelone, où les Anarchistes sont rapidement maîtres de la rue, le massacre commence dès le 19 juillet : des groupes de prêtres, parfois capturés dans leurs cachettes, sont fusillés jusqu’en mars 1937.

Et des « incidents mortels » se produisent jusqu’en avril et mai. Les incendies de bâtiments religieux se multiplient dans la région, et seule la cathédrale de Barcelone échappe au feu et aux déprédations. La « Sagrada Família » en cours de construction est endommagée par des vandales ; les maquettes et plans de l’atelier de l’architecte Antonio Gaudi sont détruits par les Républicains. Dix mille volumes précieux de la bibliothèque des capucins de Sarria sont volés ou incendiés.

977 « martyrs de la guerre d’Espagne » ont été officiellement reconnus par le Vatican, et concernés par des procédures de béatification.

Mais la « terreur rouge » n’a pas concerné que des prêtres. Dans plusieurs grandes villes, où Socialistes et Communistes dominent, les partis et syndicats de gauche réquisitionnent des bâtiments et créent des « commissions d’enquêtes », connues sous le nom de « checas » (en référence à la tchéka soviétique) : des Franquistes, des partisans de l’insurrection nationaliste, sont traînés devant des « tribunaux populaires », quand ils ne sont pas abattus sommairement.

« Mieux vaut condamner cent innocents que d’absoudre un seul coupable », déclarait Dolorès Ibarruri, la « pasionaria » communiste espagnole. Des Monarchistes, des personnalités de droite, des officiers demeurés en zone républicaine après l’échec du coup d’état, sont tués sans jugement ou après des simulacres de procès : 1.500 officiers sont abattus sans jugement sur les arrières du front.

Dans le climat de suspicion générale, des criminels trouvent commode d’agir sous étiquette politique : certaines checas deviennent des gangs dirigés par des voyous. Madrid connaît une vague de meurtres politiques ou supposés tels. Dans la nuit du 22 au 23 août, une foule de miliciens prend d’assaut la prison Moledo : une quarantaine de prisonniers politiques, des notables de droite et d’anciens ministres, sont massacrés lors de « sacas de presos ».

Manuel Azaña, horrifié par les évènements de Madrid, est à deux doigts de démissionner de ses fonctions de président de la République.

Début novembre, à l’approche de la conquête de Madrid par les Franquistes, et tandis que le Communiste Santiago Carrillo est conseiller à la sécurité intérieure de la junte de défense madrilène, entre 2.500 et 2.750 détenus politiques sont fusillés lors du massacre de Paracuellos, qui représente l’apogée des sacas envers les prisonniers politiques.

Cet épisode sordide mérite qu’on s’y attarde : le 7 novembre 1936, la guerre est aux portes de Madrid. La capitale est remplie de journalistes et d’écrivains, anglais, américains, français : le Komintern a compris tout l’intérêt qu’il pouvait tirer de la mise en scène de la chute de Madrid.

Santiago Carrillo, conseiller à la sécurité intérieure, va planifier l’impensable : la liquidation en masse, sur une durée de deux mois, de tous les « suspects » emprisonnés à Madrid. Plusieurs dizaines de milliers d’Espagnols vont être arrachés à leurs cellules et dépouillés de leurs objets personnels : des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards, des prêtres, des intellectuels…

Tous des civils arrêtés quelques semaines plus tôt par les terribles tchékistes républicains au motif qu’ils auraient caché un frère, un fils ou parce qu’ils avaient été raflés dans une église….

Les prisons de Modelo, de Ventas, de Porlier, de San Anton, vont ainsi être « évacuées » selon la même procédure officielle, sur l’ordre d’un gouvernement soutenu par Léon Blum.

« On va lier les poignets des prisonniers avec du fil de fer. Les détenus, hommes, femmes et enfants, vont ensuite être embarqués dans les célèbres bus à impériale de Madrid… environ 70 civils par véhicule. Chaque bus sera escorté par une vingtaine de miliciens républicains. Destination : le village de Paracuellos. D’importantes fosses ont été préalablement creusées… Par groupe de 30, les détenus sont poussés au bord des fosses puis mitraillés par des volontaires…Au fond de la fosse, un milicien républicain les achève d’un coup de revolver dans la nuque. Lorsqu’une fosse est pleine (environ 1.500 corps), elle est recouverte de chaux… On parle de 11.000 corps de civils dans ces charniers de Paracuellos… » (4).

D’autres villages vont connaître le même destin que Paracuellos : Bobadilla, Alarcon…etc…

Après cet épisode tragique, les violences politiques tendent à diminuer. Elles s’apparentent à une répression de type stalinien, avec tortures et assassinats commis par le « servicio de información militar », police politique de l’armée populaire.  Les victimes n’en sont plus uniquement des hommes de droite : l’épuration vise aussi les factions minoritaires de l’extrême-gauche espagnole, qualifiées de « fascistes ». Parallèlement, une « guerre civile dans la guerre civile » se développe dès 1937, avec les conflits entre Républicains. Des affrontements, meurtriers, entre Communistes et Anarchistes en Catalogne s’achèvent, en mai 1937, par la victoire des Communistes. Ils se livrent à des purges contre la CNT et le POUM (Parti Ouvrier d’Unification Marxiste). Le chef du POUM, Andreu Nin, est jeté en prison avant d’être assassiné par une équipe des « Brigades Internationales », commandée par un agent soviétique. En mars 1939, a lieu une deuxième guerre civile interne au camp républicain, durant des combats opposants, à Madrid, des Communistes et des Anarchistes. Les exactions commises durant la « terreur rouge » ont touché l’ensemble du territoire républicain, mais leur répartition fut inégale. Les régions touchées par la crise économique sont celles qui ont connu le plus de violences, notamment en Vieille-Castille, où 2000 personnes ont été tuées.

Certaines régions d’Andalousie ont connu de véritables carnages.

A Malaga, un important bombardement de l’aviation nationaliste sur un marché de la ville entraîne une vague de répression en juillet : des suspects sont traînés hors des prisons pour être massacrés. La plus grande partie de la Catalogne est affectée par la terreur : dans les derniers jours de juillet, le passage des colonnes anarchistes est accompagné d’exécutions dans plusieurs villages.

Des listes noires de notables, de prêtres et de Franquistes sont dressées et des « brigades spéciales » s’emploient à les retrouver. Ils sont aussitôt passés par les armes.

A Figueras, patrie du peintre Salvador Dali, les Anarchistes font exécuter 14 personnes détenues dans la prison et incendient le couvent des religieuses françaises. 250 prisonniers transférés, par train, depuis la prison de Jaén – dont le doyen de la cathédrale – sont assassinées durant le trajet par des miliciens.

Le gouvernement de Largo Caballero, arrivé au pouvoir en septembre, prend des mesures fermes pour rétablir l’ordre et la loi, aboutissant à une diminution des pillages et des assassinats. Le ministre de la justice, Juan García Oliver, met fin aux excès de la « justice populaire », et des patrouilles de miliciens agissant sans contrôle : des camps de travail sont institués, permettant aux condamnés d’y purger leurs peines… À l’été 1937, les persécutions religieuses directes cessent, permettant aux cérémonies religieuses de reprendre timidement. Des messes sont célébrées, mais le plus souvent clandestinement car l’exercice du culte demeure interdit. Des exactions et des actes de répression politique, commis notamment par le « servicio de información militar », continuent jusqu’à la fin de la guerre, en 1939.

Les crimes attribués au camp républicain heurtent une partie de l’opinion, espagnole et étrangère. En France, le gouvernement de Léon Blum réfrène ses sympathies pour les Républicains et s’aligne sur la politique non-interventionniste du Royaume-Uni.

Ce n’est qu’à partir du bombardement de Guernica en avril 1937, et du battage médiatique fait autour, que l’opinion internationale bascule en faveur de la République espagnole.

Guernica, qui a donné lieu à un tableau célèbre de Picasso dès 1937 ; Guernica qui a donné son nom à une promotion récente de notre Ecole Nationale d’Administration, a été, c’est vrai un traumatisme pour l’opinion mais également un bel exercice de manipulation et de désinformation. Pas même destiné à faire oublier les tueries de Paracuellos puisque personne n’en parlait !

Tentons, là encore, de rétablir les faits.

Le lundi 26 avril 1937, jour de marché, quatre escadrilles de Junkers JU 52 de la « Légion Condor » allemande, une escadrille de bombardement, accompagnées par des bombardiers italiens et escortées par des avions de chasse allemands, ont bombardé la petite ville basque de Guernica.

L’attaque aurait commencé à 17h30, d’abord à la mitrailleuse puis aux bombes classiques et, pour finir, aux bombes incendiaires. Après avoir lâché plusieurs tonnes de bombes incendiaires, les derniers avions quittent le ciel de Guernica vers 20h.

Le soir, 1/5ème de la ville était en flammes, et le secours de pompiers venus de Bilbao (3 h après le bombardement) s’avère inefficace, le feu se propagea rapidement à 70 % des habitations. Le nombre officiel de victimes, chiffre annoncé par le gouvernement basque, fait état de 1.654 morts et de plus de 800 blessés. D’après la BBC, l’historiographie récente relativise : 200 à 250 morts et plusieurs centaines de blessés. Dans « España en llamas. La guerra civil desde el aire » (2003), Josep Maria Solé y Sabaté et Joan Villarroya estiment le nombre de morts à 300. Raúl Arias Ramos, dans son ouvrage « La Legión Cóndor en la guerra civil » (2003) l’estime à 250. Enfin, une étude réalisée en 2008 par deux historiens de l’association Gernikazarra, Vicente del Palacio y José Ángel Etxaniz, donne un bilan de 126 morts. Précisons qu’il s’agit là d’auteurs favorables au camp républicain.

 Le journaliste Vicente Talón dans son « Arde Guernica » (San Martín, 1970), est arrivé à la conclusion qu’il n’y aurait pas eu plus de 200 morts, estimation reprise par Ricardo de la Cierva, puis, en 1987, par le général Jesús Salas Larrazábal, dans son livre intitulé « Guernica » (éd. Rialp). Chiffre également repris par la chaîne de télévision publique allemande « ARD » en avril 1998. On a même prétendu que les photos des ruines de Guernica auraient pu être des photos de Madrid.

Le bombardement de Guernica a fortement marqué les esprits non pas par l’ampleur du massacre mais aussi et surtout en raison de la valeur « terroriste » qui lui a été attribuée. 

Il a longtemps été considéré comme le premier raid de l’histoire de l’aviation militaire sur une population civile, ce qui est inexact.

Bien après la guerre, Carlos Rojas et Ricardo de la Cierva ne nient pas le bombardement, mais en font porter l’entière responsabilité au régime nazi : Le journal du général Wolfram von Richthofen, chef d’état-major de la « Légion Condor », affirme que le bombardement de Guernica a été décidé par le seul général allemand, sans l’aval de Franco. Le général Emilio Mola avait d’ailleurs émis des consignes à la Luftwaffe, interdisant les bombardements, a fortiori sur les civils.

Guernica aura été un épisode tragique de cette guerre fratricide ; un parmi tant d’autres…

Le nombre de victimes de la « terreur rouge » n’a jamais été chiffré avec exactitude. Selon l’historien britannique Hugh Thomas (4), le bilan des persécutions antireligieuses s’élève à 55.000 morts durant tout le conflit.  Pour Antony Beevor, le bilan des tueries qui se déroulèrent du début du conflit à l’été et automne 1936, s’élèverait à environ 38.000 personnes, dont presque la moitié furent tués à Madrid (8815 victimes) et en Catalogne (8352 victimes). Guy Hermet observe que si le chiffre de 300 000 victimes, avancé par la propagande franquiste, est très exagéré, les estimations oscillent entre 60.000 et… 85.000. Lui-même penche pour 75.000 victimes environ.

Le terme « terreur rouge » a été utilisé, au départ, par les Nationalistes et leurs partisans. Émile Temime (6) affirme qu’il s’agit de l’un des « deux thèmes de la propagande franquiste ».

L’Eglise catholique considère que le général Franco a sauvé le Catholicisme en Espagne.

Après la guerre d’Espagne, Franco fit construire un gigantesque mémorial en hommage aux morts franquistes : « El Valle de los Caídos » (la vallée de ceux qui sont tombés) dans la vallée de Cuelgamuros, à moins de 50 km de Madrid. En 1958, le gouvernement espagnol décida d’en faire un mausolée dédié à l’ensemble des combattants morts y compris les Républicains. Près de 35.000 combattants reposent dans la crypte, non loin de la nef centrale où sont situées les sépultures de Francisco Franco et du chef de la Phalange, José Antonio Primo de Rivera. En Espagne comme en France, on ne parle plus de la « terreur rouge ». Pourtant elle a bien existé !

Les Socialistes veulent chasser la dépouille de Franco du mémorial de la réconciliation d’“El Valle de los Caídos”, c’est injuste (et infect !) car s’il faut encore, un demi-siècle après la fin du Franquisme, ouvrir les placards de l’histoire pour y rechercher des cadavres, pourquoi ne pas poursuivre aussi les responsables – parfaitement connus – de la « terreur rouge » ?

Santiago Carrillo, chef de file du Parti Communiste Espagnol, qui a ordonné les massacres de Paracuellos, a connu l’exil après la guerre. A la mort de Franco, en 1975, il revient triomphalement en Espagne. Le PCE est légalisé le 9 avril 1977 par le gouvernement d’Adolfo Suarez. Le 15 juin suivant, Santiago Carrillo est, en même temps que Dolores Ibárruri, et le poète Rafael Alberti, parmi les premiers députés communistes élus aux Cortes (dans la circonscription de Madrid).

Santiago Carrillo est mort, en 2012, à 97 ans, sans avoir à rendre de comptes à la justice.

André Marty, Communiste français, ancien « mutin de la mer noire », que Moscou avait nommé chef des « Brigades Internationales » ; Marty connu pour son intransigeance et sa capacité à faire fusiller ses opposants ce qui lui valut le surnom de « boucher d’Albacete » sera, en France, à la libération, l’un des trois secrétaires du PCF. En 1953, il est exclu du Parti Communiste. Il meurt d’un cancer en 1956. Le « boucher d’Alabacete », n’a, lui non plus, jamais rendu de comptes à la justice pour ses nombreux crimes.

Et que dire de la Communiste Dolorès Ibarruri, « la pasionaria » ? Quand la guerre civile éclate, Dolorès Ibarruri se fait connaître avec le célèbre slogan « ¡No pasarán! » (Ils ne passeront pas) prononcé, dès le 19 juillet, lors de l’offensive franquiste contre Madrid. Elle est élue vice-présidente des Cortes en 1937. Une militante communiste pure et dure !

Mais, dans ses mémoires, Valentin Gonzales, dit « El Campesino » ex-général républicain, est plus que réservé sur sa personnalité. Il écrit : « Des autres Communistes espagnols, elle se distingue par une obéissance absolue aux ordres du Kominterm et à ceux des émissaires de Staline. Elle ignore totalement le remord et les cas de conscience et manifeste une satisfaction malsaine dès qu’il est question d’épurer, de tailler dans le vif… En outre, elle n’hésite pas, quand l’occasion s’en présente à se débarrasser, sous un prétexte politique, de ses ennemis personnels ». Par ailleurs, il lui reproche sa vie confortable à l’arrière avec son amant tandis que son mari et son fils sont au front.

Quand les hostilités cessent, le 1er avril 1939, Dolorés Ibárruri part en exil en Union Soviétique, où elle continue ses activités politiques. Son fils Rubén entre dans l’armée rouge et périt le 25 août 1942, à la bataille de Stalingrad. Elle mène grand train au sein de la « Nomenklatura ».

 Dans les années 1960, elle reçoit le « Prix Lénine pour la paix » en 1964, et l’Ordre de Lénine en 1965. Son autobiographie, « ¡No pasarán! », est publiée en 1966 dans plusieurs pays.

A la mort de Franco, en 1975, elle revient en Espagne et elle est élue députée aux Cortes en 1977. Elle meurt de pneumonie à Madrid, à l’âge de 93 ans.

Dolorés Ibárruri n’a jamais comparu devant un tribunal pour « crime de guerre ». Elle n’aura jamais payé ses appels au meurtre, l’élimination de ses ennemis personnels ou l’assassinat de civils : hommes, femmes, enfants, vieillards, ecclésiastiques… Elle est morte à un âge canonique, encensée par toute la presse de gauche. Elle a donné son nom à des rues et avenues de quelques municipalités communistes mais personne n’a osé écrire sous son nom : « Pasionaria de la terreur rouge ».

Il est bien connu que les crimes « fascistes » (ou présumés tels) sont cent fois pires que les crimes communistes !

 

 

Notes

(1): « Dans la peau d’un réac », d’Eric Brunet ; Nil ; 2010.

(2) : « La Guerre d’Espagne », de Guy Hermet ; Seuil ;

(3) : « La Guerre d’Espagne », d’Antony Beevor ; Paris, Calmann-Lévy, 2006. Et « Antony Beevor, La Guerre d’Espagne », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 22 juin 2009.

(4) : « Dans la tête d’un réac » déjà cité.

(5) : « La guerre d’Espagne » d’Hugues Thomas ; 2009.

(6) : « La révolution et la guerre d’Espagne », de Pierre Broué et Émile Témime ; Éd. de Minuit, 1961.

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