foot
 

Le billet de Thierry Lafronde

 

 

La composition de l’équipe de foot de la France à ce mondial 2018 a de quoi laisser pantois : 12 joueurs d’origine africaine sur les 23 sélectionnés. On parle bien d’origine africaine et non des territoires et départements d’outre-mer qui envoient aussi mais de façon tout à fait légitime leurs meilleurs joueurs sous le maillot tricolore. Si on étudie l’affaire de près ce sont bien des pays tels le Mali, le Sénégal, le Cameroun et autre Guinée qui sont venus renforcer l’équipe nationale tricolore, comme… « au temps béni des Colonies » !

Il parait surprenant que les pays de l’ancienne Afrique Occidentale Française (AOF) et Afrique Équatoriale Française (AEF) n’aient pas conservé leurs meilleurs enfants prodigues pour renforcer légitimement les propres équipes de foot de leurs patries devenues indépendantes vers 1960. Ce sont en général d’excellents joueurs, au physique robuste et vif et à la technique éprouvée qui auraient été autant de chances pour leurs patries respectives.

Curieux masochisme qui consiste à se priver de tels talents. Curieuse incohérence qui incite à aller renforcer l’équipe nationale tricolore gauloise, pays si souvent critiqué par les pseudos élites intellectuelles et politiques, notamment hexagonales du reste, au nom du colonialisme d’antan, forcément abominable et insoutenable. En général, on y ajoute un couplet sur « les heures sombres de l’Histoire coloniale » et un autre sur « la repentance » qui ne compensera ni ne rachètera jamais les dégâts et méfaits commis. Soit-dit en passant, à l’époque, les phénomènes migratoires actuels n’existaient pas, les Indigènes restaient majoritairement chez eux et ces colonies se développaient de façon globalement harmonieuse jusqu’à leurs indépendances. Mais c’est là un autre débat.

Pour rester sur le sujet du foot qui monopolise et vampirise toute l’actualité, la bien pensance bobo n’en a cure et nous vend ce « jouer ensemble » comme étant la quintessence d’une intégration réussie grâce à l’union fusionnelle des talents complémentaires. On peut cependant émettre quelques réserves et avoir du mal à vibrer pour une telle équipe prétendument « nationale » qui aligne plus de 50% de ses joueurs d’origine allogène.

Du reste, ce n’est pas le choix de certaines autres équipes telles celles d’Islande, d’Espagne, du Mexique et évidemment du Sénégal qui sont très clairement à l’image des populations de souche de leurs pays respectifs. Le jeu des dites équipes gagne beaucoup en originalité et authenticité et permet de révéler les talents propres à chacun de ces pays.

En revanche, lorsque l’apport étranger, par on ne sait quelle pirouette fallacieuse administrative et juridique, permet d’avoir des équipes outrageusement cosmopolites, type celles d’Angleterre, d’Allemagne et donc de la France (sans doute le pompon en la matière), le jeu est forcément standard et cosmopolite, sans grande originalité. Ces équipes sont facilement interchangeables et leur public parait beaucoup moins enthousiaste. Forcément, comment s’identifier à une équipe si peu représentative de la nature profonde de son peuple ?

Alors, pour se consoler, on peut se raccrocher à l’idée que, finalement, la France a laissé encore de bons souvenirs à ses anciennes colonies, n’en déplaise à nos bobos pleins de morgue et de certitudes. L’ex AOF et AEF devenues indépendantes sont donc consentantes pour renforcer aujourd’hui l’équipe tricolore, porter le maillot au coq et chanter la Marseillaise, comme l’ont fait si glorieusement ses enfants Tirailleurs d’antan dans d’autres combats autrement plus sérieux… « au temps béni des Colonies » !

Une suggestion toutefois : baptiser cette équipe tricolore, non du titre d’équipe nationale française, titre trompeur, mais plus légitimement et adapté, de celui « d’équipe impériale et coloniale française » ! Avouez que cela aurait de la gueule !

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