Le billet de Martin Moisan

 

Certes il fallait modifier la loi afin de réduire les abus de ceux (très nombreux) qui trouvent très bien de vivre aux crochets de la société, d’optimiser le système en bossant a minima pour s’ouvrir des droits pendant des mois et des mois tout en trafiquant ou en bidouillant au noir par ailleurs ; quand ils ne vivent pas carrément aux crochets de leurs femmes qu’ils font bosser.

Ce qui frappe toutefois suite aux annonces d’hier, c’est qu’après avoir très, très largement soutenu Macron, les cadres vont être, et de très loin, les gros perdants de la nouvelle règlementation régissant les droits au chômage ; tandis que les intermittents du spectacle qui sont les plus gros parasites du système vont être complètement épargnés.

Les cadres meilleurs supporters de Macron lors de la présidentielle

On se souvient que c’est chez les cadres et auprès des plus diplômés que Macron avait réalisé son meilleur score à la présidentielle : plus de 80%. Ces catégories aussi massivement dévotes devaient donc imaginer qu’elles seraient à l’abri, protégées par le prince qu’elles avaient ainsi largement contribué à installer sur le trône. Et bien comme on va le voir, elles vont être justement payées de retour.

Les cadres meilleurs contributeurs du système

Rappelons-le, l’assurance chômage est une assurance justement ; c’est à dire un système où les droits acquis sont fonction des cotisations versées.

Or jusqu’ici, les cadres finançaient le régime chômage à hauteur de 42 % alors qu’ils n’en bénéficiaient qu’à hauteur de 15 %.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que contrairement à d’autres catégories, ils n’abusaient pas du système, bien au contraire. On peut même dire que les cadres en étaient en quelque sorte les vaches à lait.

Une population de bosseurs qui fait tourner l’économie

Pour en avoir été pendant toute ma carrière dans le privé et pour bien connaître la condition des cadres au boulot, je peux dire qu’il s’agit d’un population ultra productive et laborieuse, qui bosse, qui cotise, qui fait le nécessaire, qui fait en sorte de ne pas se faire virer, qui souffre le martyr pour garder son taf, qui ne déserte par malgré des conditions le plus souvent épuisantes : exigence extravagante de résultats, management par la terreur, management par le vide : 10% virés tous les ans pour mettre la pression sur les autres etc… etc … On pourrait en noircir des dizaines de pages.

Le cadre du privé est un super contributeur du système, à la fois super producteur et super consommateur. Bref la parfaite vache à lait, assez privilégiée il fut un temps, mais c’était il y a bien longtemps ; et tout ça, est désormais bel et bien terminé.

Je peux également dire que la mise au chômage est la pire crainte des cadres, car lors de la perte d’emploi, le niveau de revenus baisse rudement tandis que le train de vie courant continue à courir : crédits, frais de scolarité des enfants, impôts, et toutes les autres dépenses contraintes. Le découvert bancaire arrive vite et les familles peuvent rapidement exploser si le malheureux ne retrouve pas très vite du taf. On en a vu se retrouver SDF en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

Tout cela fait que le cadre au chômage se trouve mis sous une pression d’enfer qui l’oblige à ne surtout pas perdre son boulot et à très vite retrouver du taf en cas de pépin ; parfois même à l’autre bout de la France à plusieurs centaines de kilomètres de sa famille. Le cadre au chômage se trouve mis sous pression par les recruteurs qui lui imposent de baisser son salaire, d’accepter d’être rétrogradé, de devoir tout reprouver malgré des compétences démontrées depuis des années.

Bref, ce n’est pas nécessairement connu des autres catégories sociales, mais la vie de cadre, n’est pas de tout repos ; cela sans compter les fins de carrière extrêmement pénibles.

Macron le cynique taille le plus durement les droits des cadres

Or, à un moment où on déclare faire la chasse aux abus (réels) et aux optimisations (crapuleuses) de la part de certaines catégories de salariés ; ce sont les cadres, les moins profiteurs de l’assurance chômage, qui sont le plus rudement mis à contribution.

Ainsi, le gouvernement vient de confirmer que les chômeurs qui gagnaient plus de 4.500 € bruts avant de perdre leur emploi verront leurs allocations baisser de 30% au bout de six mois. Or Six mois c’est très court pour retrouver du boulot. Une mesure soi-disant justifiée par la faiblesse du taux de chômage chez les cadres et salariés qualifiés qui n’est que de 3,8%. Et oui, ils n’abusent vraiment pas.

Je le dis sans arrogance, et en mesurant bien mon propos, 4.500 € bruts ce n’est pas Byzance car le laminoir égalitariste a vite fait de vous ramener à tout juste un peu plus que les catégories nominalement largement moins bien payées. Quand les impôts et les cotisations ont ratiboisé les uns, tandis que les allocs et autres avantages de toute sortes ont été accordés aux autres, l’écart s’est réduit et le cadre à ce tarif ne gagne pas tellement plus que celui qui en fait nettement moins ; voire au pire ne fait rien du tout et se contente de trafiquer à droite et à gauche.

 

Les cadres paupérisés : Les cocus au balcon !

Bref, le cynique Macron tape là où ça fait très mal et la conséquence immédiate de cette mesure sera la baisse des salaires des cadres expérimentés en recherche d’emploi. Je peux d’ores et déjà vous dire que le type à 4.500 € bruts (le gros du paquet) qui cherchera du boulot va se voir proposer des jobs à moins de 3.000 €, à prendre ou à laisser. L’effet de cisaille sur les rémunérations et le train de vie de ces catégories va être dramatique. Tout bénéfice en revanche pour le patronat qui va pouvoir sévèrement tailler dans la rémunération de ces catégories de salariés. Je peux vous dire que toute une génération ainsi mise sous pression par la réduction de ses droits au chômage va très vite passer au trapèze. La compétitivité ; c’est à dire les dividendes des actionnaires n’attendront pas. Le patronat va virer à tour de bras pour réembaucher à la casse. Le patronat a décidé de tailler dans les rémunérations des cadres, Macron lui en a ouvert la possibilité, et de quelle manière !

En incidente, les retraités qui le pourront encore, peuvent s’attendre à devoir assurer les fins de mois de leurs enfants qui se trouveront dans ces galères ou à vendre des bouts de patrimoine pour faire le joint ou rembourser leurs encours de crédits. D’autres verront rappliquer leur fille avec les petits enfants et les valises au bout des bras.

Roux de Bézieux pleurniche devant les caméras, ses potes se marrent

Ouille, ouille, ouille, rendez-vous compte, l’abus de CDD va être pénalisé. La ruine : 10 € sur les CDD d’usage …  Et on a vu Roux de Bézieux nous faire son numéro de pleureuse indignée tandis que les autres devaient rire à se pisser dessus dans la coulisse.

Par ailleurs, ça a l’air un peu plus sérieux mais c’est en réalité un habillage sans effet réel, le gouvernement va pénaliser les entreprises ayant trop souvent recours aux CDD via un “bonus-malus” sur les cotisations d’assurance chômage. Toutefois, ne riez pas, les 7 secteurs économiques les plus utilisateurs de CDD échapperont à cette disposition. Autrement dit, on amuse l’opinion, cette mesure sera sans effet réel sur les plus gros utilisateurs de CDD. De l’enfumage à la Macron dans le style le plus pur.

Le trou noir des chiffres de l’UNEDIC

Trouver le montant du déficit de l’assurance chômage pour 2018 relève du jeu de piste.

Toutefois page 9 d’un rapport annuel on trouve deux chiffres :

Déficit 2018 : 1,8 Milliards d’euros

Dette cumulée : 35 milliards d’euros. On le voit, c’est surtout la dette qui pose problème et qui sert de justification à la coupe claire dans les droits des travailleurs. Car à 1,8 milliards annuels, la question du déficit est une broutille par rapport à d’autres océans de gabegie.

Les intermittents du spectacle totalement épargnés

C’est le trou noir de l’assurance chômage, non seulement du point de vue du déficit, mais également du point de vue de l’information disponible. Trouver le montant du déficit du régime des intermittents du spectacle est un véritable jeu de piste.

Toutes catégories confondues, le régime des intermittents du spectacle est à lui seul déficitaire de près de 1 milliard d’euros sur un déficit total de l’UNEDIC de 1,8 Milliards.

Vous avez bien lu : les intermittents, c’est 1 milliard sur 1,8 milliards.

Et pourtant : summum du scandale et du foutage de gueule, le régime des intermittents du spectacle reste intact. Intact …

Les cadres au boulot, les intermittents gavés à gogo

Macron plume son électorat de cadres qu’il sacrifie au patronat. La baisse de leurs indemnisations chômage aura pour effet immédiat et garanti l’effondrement de leur système de rémunération au profit des entreprises qui vont s’empresser de faire chuter la masse salariale de cette catégorie de salariés.

Dans le même temps les intermittents du spectacle qui ne sont que 120.000 sur une population de plusieurs millions de chômeurs, mais qui représentent à eux seuls plus de la moitié du déficit de l’UNEDIC sont totalement épargnés. Il faut dire qu’ils sont de fervents contributeurs de la propagande macronniene et surtout que leur système d’assurance chômage soulage toute l’industrie de la propagande, (industrie de l’hébétude) qui appartient aux DRAHI, BOUYGUES, NIEL DASSAUT, LAGARDÈRE et autres grands amis et supporters. Outre les subventions colossales qu’ils touchent de tous les côtés, c’est encore aux autres secteurs de payer leurs employés. Et oui, c’est comme ça en France, on sait comment distraire les populations.

Quand l’intermittent est au chômage son employeur ne le paye pas, c’est l’UNEDIC qui le prend en charge. Du coup, il y a environ 5 intermittents qui assurent en permanence la rotation quand il n’en faudrait qu’un seul sur un poste donné. Mais pourquoi se priver puisque ce sont les autres qui payent. Tout le monde s’y retrouve, les patrons de cette industrie, mais aussi les intermittents qui grâce à ce système sont payés à plein temps en ne bossant que 20 % du temps, et encore on ne tient pas compte des fraudes qui paraît-il sont instituées en système.

Surtout, la saison des festivals approche et il ne faudrait pas que les bobos abonnés du système et autres profiteurs soient privés de spectacle. Surtout pas de clash à Avignon, vous le comprenez bien…

Décidément, après avoir enfilé la PMA à la droite orléaniste qui est venue lui apporter son concours par peur du désordre, Macron saigne maintenant les cadres qui l’avaient pourtant porté sur le pavois.

Ce parfait cynique se fout parfaitement des gens… au rythme et avec la régularité avec laquelle il « baise » ses supporters, on peut espérer que certains vont finir par se réveiller …

ou pas…

  

Les ressources d’ingénierie sociale des « think tanks » qui le conseillent semblent sans limite, tout comme le degré d’hébétude de nos compatriotes.

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