Jean-Marie Le Pen, fils de la nation

par Daniel Pollett

 

On ne peut parler de cette partie du livre sans citer ces extraits de la déclaration que fit devant ses juges le commandant Hélie Denoix de Saint-Marc, qui engagea le 1er REP dans le putsch manqué d’avril 1961, que l’auteur reproduit en entier : « … on nous a dit qu’il fallait apprendre à envisager l’abandon possible de l’Algérie, de cette terre si passionnément aimée, et cela d’un cœur léger… Nous pensions à tous ces hommes, à toutes ces femmes, à tous ces jeunes qui avaient choisi la France à cause de nous et qui, à cause de nous, risquaient chaque jour, à chaque instant, une mort affreuse… Depuis quinze ans j’ai vu mourir pour la France des légionnaires, étrangers peut-être par le sang reçu, mais français par le sang versé… »   

Parlant de sa société d’édition de disques, Jean-Marie Le Pen écrit : « … j’ai toujours voulu montrer à ceux qui achetaient mes disques la complexité de la vie sous le glaçage des idées toutes faites, y compris quand la politique s’en mêle, et l’iniquité des juges lorsque l’histoire est en jeu…

Je fais confiance à la justice de mon pays pour ne pas juger en équité ni même en droit, mais pour faire droit aux exigences de la politique. » Nous en sommes bien là avec les deux poids et deux mesures des affaires ou non-affaires judiciaires, soit qu’elles concernent les Patriotes, soit qu’elles concernent les envahisseurs et ceux qui les soutiennent. L’auteur cite le procès qu’il a perdu pour avoir édité un disque dont la pochette rappelait qu’Adolf Hitler avait conquis le pouvoir par la voie démocratique et électorale. Ce sont les mêmes qui, aujourd’hui, condamnent les Patriotes qui s’élèvent contre la possible conquête du pouvoir en France par l’islam, en suivant pareillement la voie démocratique et électorale.

À propos d’élections, Jean-Marie Le Pen est particulièrement déçu par le candidat aux élections présidentielles de 1965 qu’il soutient, Jean-Louis Tixier-Vignancour, dont l’appel à voter Mitterrand au second tour auquel il n’accède pas lui-même stupéfie ses militants. Tout cela pour espérer quelques arrangements d’arrière-cour. L’auteur n’a pas pu améliorer les performances de Tixier-Vignancour, « car il a perdu un œil en dressant un chapiteau et a dû abandonner la campagne électorale qui s’achèvera avec un très petit score pour son parti » (p.344). Tout comme avec Pierre Poujade, mais dans un contexte différent, Jean-Marie Le Pen est déçu, bien qu’il eût mis toute sa force et sa détermination dans l’enjeu électoral. Il exprime son regret d’avoir manqué d’audace en ne se présentant pas lui-même à la place de Tixier-Vignancour – il se trouvait trop jeune – avec toutes les conséquences qu’un grand parti de droite mobilisé aurait eues, notamment en Mai-68 et à la suite.

Jean-Marie Le Pen parle plusieurs fois de Robert Brasillach. Le sujet est sensible et peut poser d’opportunes questions : une spécificité d’un homme peut-elle, doit-elle occulter les autres ?

Ainsi, doit-on retenir Pétain de Verdun ou de Vichy ? De Gaulle du 18 Juin ou du 19 Mars ? Brasillach des poèmes ou de la presse collabo ? Pour ne prendre que ces exemples, on voit le courage et la compromission, la grandeur et la déchéance, la spiritualité et le crime contre l’esprit…

Voilà pourquoi chacun de ces trois hommes est honoré ou honni selon des points de vue différents. Mais il est aussi possible de considérer séparément les éléments. L’auteur ne cite pas de Brasillach ses articles dans Je suis Partout  mais sa poésie émouvante. Il ne parle pas de sa vindicte publiée contre les gens de gauche mais de ses ouvrages littéraires. Pour conclure ce paragraphe, citons ce qu’a dit De Gaulle à propos de cette affaire dans ses Mémoires : « Le talent est un titre de responsabilité », présentant ce talent comme une circonstance aggravante de par la notoriété et l’influence de l’écrivain sur le public. Considérant ce propos on pourrait en écrire sur le sujet, avec tous ces artistes condamnant sans preuve et sans enquête la police dans l’affaire Théo, tous ces journaleux tendant un piège grossier à Véronique Genest pour discréditer sa lucidité, tous ces pseudo-humanistes défendant l’invasion barbare, la liste sera longue à dresser totalement lorsqu’ils comparaîtront devant un tribunal du peuple avec tous les autres collabos d’aujourd’hui !

Volontairement brièvement, Jean-Marie Le Pen parle de l’échec de sa fille Marine aux élections. Il est intéressant de noter le fond -et non pas la forme que se plaisent à relever les journaleux- lorsqu’il écrit : « Elle s’est pliée aux exigences morales et politiques de l’ennemi et cela lui a fait perdre la place unique qu’elle occupait. »   Tant il est vrai qu’à force de vouloir dédiaboliser le Front National, Marine a occulté l’enjeu de civilisation qu’incluaient les dernières élections. Tout comme Jean-Marie aurait dû se présenter lui-même aux élections de 1965, Marine aurait dû se présenter telle qu’elle est, plutôt que de vouloir amadouer un sous-électorat de dernière heure qui n’a pas pu combler le vide créé par l’absence des voix plus déterminées mais désabusées, ni convaincre de sa pertinence des voix hésitantes manipulées par la bienpensance et sa puissante presse. Sans doute la face de la France et le futur de nos enfants en eussent-ils été changés. Tout comme on ne gagne pas la guerre avec les lois de la paix, on ne gagne pas des élections à enjeu de guerre civilisationnelle avec les règles des querelles byzantines de partis du temps de paix.

Jean-Marie Le Pen expose une intéressante considération sur l’UNEF (Union Nationale des Étudiants de France) où il regrette l’intervention de la politique, à l’initiative des gauchistes, qui amena la création de la FNEF (Fédération Nationale des Étudiants de France). Celle-ci a rompu l’union étudiante dans laquelle tous pouvaient se reconnaître en tant que futurs cadres de la France. Ainsi il écrit : L’UNEF unitaire, de mon temps, était une organisation animée par des cadres formés dans leurs associations à des responsabilités concrètes. Ils étaient unis au-delà de leurs divergences par le désir sincère d’aider leurs camarades et cela n’allait pas sans générosité ni même sans utopie. Les futurs cadres de l’action publique avaient appris à se connaître et à s’apprécier. L’UNEF unitaire avait conquis une représentativité indiscutée grâce à la croissance constante de ses effectifs… Après la scission, il n’y eut plus désormais pour ceux qui devaient trouver les voies de l’avenir français de terrain de rencontre, il n’y eut plus que des champs de bataille. Chacun évoluait dans son petit monde manichéen et ne voyait dans les autres que des ennemis. Tel fut le terreau de l’intolérance folle de Mai 68. J’avais eu l’occasion de vérifier… que les relations nouées dans la jeunesse rendaient plus faciles les nécessaires confrontations de l’âge mûr… » Il en est de même aujourd’hui pour tout le Bien commun : plus de terrain de rencontre entre citoyens, chacun ne voit dans les autres que des ennemis. Et une fois de plus les gauchistes prédominent. Mais il n’y a pas que cela. Le gauchisme a infiltré, imprimé et façonné l’Éducation Nationale et tout ce qui en résulte en matière de littérature, arts, moyens audiovisuels et même vocabulaire ; forgeant durablement une mentalité d’assistés rejetant leur passé et hypothéquant l’avenir, même de leurs propres enfants, reniant leur Patrie, leurs Anciens et leur civilisation, le gauchisme a pris le pouvoir sans trop de peine sur un peuple assoupi par le confort de longues années de paix et de prospérité.

Dans le dernier chapitre, Jean-Marie Le Pen expose le grand mensonge idéologique et pseudo-historique amenant à renier tout ce qui nous a faits, nos Pères, notre Patrie et notre civilisation : « Le grand remplacement de notre peuple s’accompagne et prétend se justifier par le grand remplacement de notre histoire… Le pire est que l’on passe pour cela par les petits, les faibles, les enfants, les adolescents que l’Éducation nationale embrigade. Et bien pour moi c’est un crime. Déraciner les petits, les opposer à ceux qui les ont faits, ce qui les a faits, c’est un crime contre toute l’histoire de l’humanité. »

 

On quitte à regret la lecture de ce livre édifiant. On peut en retenir que les médias aux ordres de la mondialisation gauchiste et islamophile nous ont, pendant des années, imposé une image bien loin de la réalité de l’homme : Jean-Marie Le Pen, un patriote que l’on aurait dû écouter plus tôt.

Mémoires, Fils de la Nation – Jean-Marie Le Pen – Éditions Muller – 446 pages – 22,90€

 

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