populisme québec

 

Élections Législatives provinciales du Québec : le CAQ (Coalition Avenir du Québec) de François Legault a remporté la majorité absolue aux élections, détrônant Philippe Couillard du PLQ (Parti Libéral) et premier ministre québécois, en exercice, sortant. Et ce en contradiction avec les sondages et les commentaires des médias complaisantes comme Radio Canada qui a aucun moment, avant l’élection, ne voulurent envisager ce renversement ! Le CAQ a remporté 74 sièges (+53) atomisant le Parti Libéral Québécois qui conserve seulement 32 sièges (- 36).

 

Le CAQ s’est polarisé sur l’identité québécoise et l’immigration

 

Les deux thèmes principaux qui ont permis au CAQ de gagner sont : le nationalisme défenseur de l’identité francophone Québécoise et le contrôle et la baisse de l’immigration en particulier irrégulière.

Comment cette province du Canada a-t-elle pu éjecter, par son vote, le candidat libéral Philippe Couillard, alors que sur le plan économique, il enregistrait plutôt une réussite après quatre ans de gouvernance : plein emploi, salaires en hausse, et si l’on remonte à deux ans en arrière, une politique d’immigration contrôlée, plutôt francophile, avec des quotas par profession ?

Une des explications réside dans l’élection de Trump aux USA. Ce dernier a déclaré une guerre ouverte aux immigrés clandestins tolérés par Obama, en particulier les nombreux Sud-Américains hispaniques et les Haïtiens qui ont afflué en masse après le séisme dévastateur de 2010, malgré l’aide financière accordée pour la reconstruction par les USA.

 

Une vague migratoire digne de Merkel

 

Face à cette menace, Justin Trudeau, premier ministre fédéral canadien, du Parti libéral comme Couillard, qui se revendique comme un « droitdel’hommiste » et écologiste patenté déclara : « A ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre, sachez que le Canada vous accueillera, indépendamment de votre foi. La diversité fait notre force ». -Du Merkel dans le texte !-. Aussitôt, un exode de dizaines de milliers de Latinos et d’Antillais déferlèrent vers le nord, franchissant illégalement une frontière facile à traverser, dans des territoires relativement sauvages et gagnèrent la région de Montréal où il fallut réquisitionner le stade olympique, les campus, les hôtels. Idem en Ontario tout proche.

Des dépenses imprévues ont ruiné le budget social prévu pour les personnes âgées. Le gouvernement fédéral a bien tenté de rectifier le tir mais le mal était fait et les services d’immigration croulèrent sous les demandes d’asiles et le flot des migrants économiques.  Cet afflux provoqua un choc dans un pays bâti sur l’immigration légale, choisie, quantifiée.

Les Québécois assistèrent alors au triste spectacle que l’on voit en Europe dans les grandes cités : apparition du communautarisme, délinquance, trafics en tout genre. D’où le revirement électoral après avoir prêté une oreille attentive à la promesse du CAQ de réduire immédiatement l’immigration de 40% et de la rendre à nouveau sélective. En plus, le CAQ promettait de revenir sur l’autorisation faite par les libéraux, du port des signes religieux comme le voile islamique dans l’administration. Énorme faute d’appréciation, le gouvernement central canadien -libéral- avait autorisé en 2017 les Sikhs orthodoxes à porter le Kirpan dans les avions canadiens, il s’agit d’un poignard rituel recourbé porté à la ceinture, au prétexte de la liberté religieuse, mais au mépris des règles strictes imposées aux passagers par la sécurité aéronautique en vigueur. Trop c’était vraiment trop… !

 

D’autres facteurs de décision ont influencé le vote en faveur des candidats nationalistes

 

– François Legault et le CAQ ont fait la promesse de veiller à la protection et au renforcement de la spécificité francophone au sein de la fédération canadienne et de maintenir leur opposition à la tentative de mainmise anglophone des autres provinces et à la suprématie fédérale. A noter que la question de l’indépendance a été ramenée au second plan durant la campagne électorale.

– Sur le plan économique et malgré la bonne santé générale de celle-ci, il y a quand même eu des échecs retentissants de la part des libéraux, le plus gros étant la reprise par Airbus Industrie de la filiale aéronautique de la célèbre firme Québécoise Bombardier pour un euro symbolique ( ! ) . Cette pépite industrielle équivalente d’Alsthom en France, était au bord de la faillite en raison de ses lourds investissements dans la conception d’un jet « court courrier » destiné au marché américain. Là aussi, l’élection de Trump a tout remis en cause en bloquant cette importation au prétexte que Bombardier était largement subventionné par le Canada, alors que l’appareil était déjà sur les chaînes de montage, mettant à mal les finances de Bombardier. Airbus a saisi l’occasion pour récupérer ce fleuron, étoffant ainsi sa gamme d’appareils tout en maintenant la chaîne de fabrication dans le but de le commercialiser grâce à son réseau mondial et à ses usines de montage aux USA qui lui permettent de court-circuiter le protectionnisme Yankee.

– Enfin il y a eu la réticence des Québécois à la libéralisation totale de la culture et vente du cannabis qui aurait dû entrer en vigueur à la mi-Octobre en raison d’une la loi votée par les Libéraux. Ce qui choqua les Québecois, ce fut la réaction scandaleuse de deux anciens ministres de la santé. Ceux-ci, après avoir déploré les méfaits possibles chez les adolescents de l’usage des stupéfiants se sont lancés aussitot dans des reconversions à priori juteuses, en vue de la culture à grande échelle de cette plante. On a vu également l’abandon par des entreprises agricoles des cultures maraîchères en vue de leur reconversion, Coca Cola envisageant même de commercialiser une boisson enrichie au cannabis !  Le CAQ a promis de revenir sur cette libéralisation à tout crin : vente autorisée à partir de 21 ans au lieu de 18, interdiction dans les environnements scolaires, consommation autorisée seulement dans des lieux privés etc…

– Le thème de l’écologie a été également un sujet central de ces élections et nombre de citoyens ont pointé du doigt le comportement des Libéraux et de Trudeau en particulier, qui ont signé des deux mains les accords de Paris mais qui, en contradiction avec ceux-ci, font tout pour autoriser Transcanada à construire un oléoduc en provenance des forages de schistes bitumineux de l’Alberta pour alimenter les États Unis. Ce projet se heurte à l’opposition des populations très inquiètes des dégâts que cela va occasionner sur leurs terres. L’ancien gouvernement tenta bien, sans convaincre, d’expliquer que grâce aux bénéfices de cette exploitation, il pourrait développer les énergies vertes ! Cerise sur le gâteau, tout en sachant que le Québec est exportateur d’électricité grâce à ses immenses barrages du Nord de la province, le gouvernement libéral lui a quand même imposé la construction onéreuse d’éoliennes inutiles subventionnées. Ces critiques on fait gagner pas mal de sièges au profit du parti Solidarité Québec qui se veut social écolo centre gauche aux dépends du libéral Couillard, contribuant un peu plus à sa défaite.

 

Voilà l’analyse que l’on peut faire des causes de cette défaite du premier ministre libéral qui gouvernait la province du Québec au profit du nationaliste anti-immigration Legault. Reste à savoir si les promesses seront tenues et applicables, car elles vont s’opposer à la ligne de conduite du premier ministre fédéral Trudeau (le Canada étant un état fédéral composé de provinces). A ce sujet, François Legault, répondant à ce questionnement, a rétorqué dans ce langage fleuri propre au Québécois : « ne vous inquiétez pas, la marchandise sera livrée ».

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