Merah
Le billet d’Arnaud Beauregard

        Selon Albert Camus, “mal nommer les choses , c’est ajouter du malheur au monde”. Alors, nommons les maux qui frappent la France.

        Une fois encore, nous avons pleuré, célébré « l’héroïsme » du 13 novembre 2015 de ceux qui ont eu la mauvaise idée d’assister à des spectacles que n’apprécient pas les adorateurs d’Allah. Les discours ont tourné autour du “padamalgam”  et les joies du “vivre ensemble”. Pas une de nos “mass merdia” n’a dénoncé les coupables que sont l’Islam…isme et les négligences des services de renseignement français.

        L’ancien magistrat Fenech a enquêté sur ce drame à la tête d’une commission parlementaire. Il est apparu que malgré la réforme Sarkozy avec fusion des services de renseignements, ceux-ci manquent de moyens, ne communiquent pas, et se refusent à tenir compte des sources et méthodes étrangères comme Israël, la Turquie ou la Syrie. Aussi, les terroristes du 13 novembre sont ils passés à travers les trop grosses mailles du filet, ceci, malgré “l’état d’urgence” alors qu’ils étaient connus et fichés “S” pour la plupart.

        Ismaël Mostefaï est l’un des cas les plus criants de l’incohérence du renseignement en France, car il a, durant cinq ans, avant de finir en feu d’artifice au Bataclan, multiplié les alertes. En octobre 2010, une perquisition à son domicile reste infructueuse. Il avait alors vingt cinq ans, était fiché S pour « radicalisation islamiste violente » avec quatre autres individus demeurant à Chartres. Il y en a quinze mille dans ce cas… Le mentor de Mostefaï est un certain Ziyad condamné par contumace au Maroc dans les années 80 pour importation d’armes d’Algérie. Réfugié à Chartres, Ziyad recrute pour le djihad afin de commettre l’attentat de Marrakech en 1994. Le Mode opératoire rappelle celui du Bataclan. En 1996 Ziyad est condamné à Paris à huit ans de prison pour cet attentat dont une victime est française. Au tribunal, il se donne en spectacle, débite des versets du Coran, prône le djihad armé, prie, se moque ouvertement de l’institution judiciaire.

        Sorti en 2001 avec interdiction de territoire, il reste en France et anime à Chartres un groupe de salafistes. La DCRI devenue DGSI ne le repère qu’en 2008. Sous le nom de Rachid; il devient même en 2012, imam d’une mosquée à Troyes. Il envoie sa famille dans l’Aude, mais, lui, vit à Chartres toujours interdit de territoire. Mostefaï le retrouve régulièrement, se fait repérer en Algérie pour activisme, vit, sans être inquiété à Chartres avec une épouse. En septembre 2013, il déclare un 2ème enfant à l’état civil de Chartres. Bien que fiché “S”, il part en Syrie en compagnie de Samy Amimour, autre fiché “S”, futur autre tueur du Bataclan : ils sont alors recrutés par Daesh.

        Mostefaï revient en France en 2014, repart en Syrie avec femmes et enfants. En France, la DGSI ne réagit pas malgré les alertes des services de renseignements turcs dés son premier voyage. En Syrie, il aurait eu un 3ème enfant avant de venir tuer et “s’éclater” au Bataclan.

       L’affaire Merah, prémisse de celle du Bataclan démontre, s’il le fallait, l’incurie du renseignement français. Pour mémoire, Christian Banne, directeur de la DRRI de Toulouse et le brigadier H. ayant en charge sa surveillance avaient, dés juin 2011, recommandé la saisine judiciaire du cas Merah. La DCRI préfère relâcher la surveillance et le rayer des listes de priorités malgré l’avis des services Toulousains. La surveillance cesse et quelques mois plus tard, Merah frappe sur Toulouse. Le brigadier précité signale que le profil du tueur recherché correspond à Merah ou à un de ses frères. La DCRI néglige cette piste et préfère rechercher du côté de l’extrême droite… C’est ce grave dysfonctionnement qui entraîna la tuerie de l’école juive Ozar Hathorah.

     Pourtant Merah pouvait être suivi à la trace. Alors qu’il était incarcéré en 2007, aucune autorité ne signale qu’il est fiché “S” aux services de renseignements de la Pénitentiaire, l’EMS 3. Pourtant, en 2008, Merah envoie de l’argent au djihadiste Essid également incarcéré. En 2009, Merah reçoit un courrier de Fabien Clain, filière d’Artigat, de recrutement pour le djihad en Irak, alors incarcéré. Écrivant à son frère, Merah indique qu’il sait ce qu’il a à faire au sortir de prison car Allah lui demande de le venger des Kouffars. Une autre alerte n’a pas, non plus, interpellé les services de renseignements lorsqu’une affaire concernant Merah a été classée « sans suite » en 2012. Il avait menacé une mère de famille qui avait déposé plainte contre lui pour avoir fait visionner des vidéos d’Al Qaïda à son fils, alors âgé de 15 ans!

        Force est de constater que tous ces terroristes ont semé de lourds indices de leurs desseins macabres. Au nom du respect des libertés individuelles des assassins, l’alerte n’a pas fonctionné. Le pire, hélas, est à venir. L’affligeante campagne présidentielle n’évoque pas de changement radical, mais bien plutôt une soumission lâche et insidieuse à une religion morbide qui n’a pas sa place en Europe.
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