Narbonne[3] (1)

   Il était amusant de voir ces jours derniers la tête des narbonnais au détour d’une ruelle de la vieille ville ou sur les boulevards quand ils tombaient nez à nez sur les affiches “NARBONNE CAPITALE” que les colleurs de la Ligue du Midi apposaient consciencieusement sur les panneaux disponibles. Cependant, nul étonnement pour les plus érudits d’entre eux, tel ce professeur rencontré sur “les barques” qui rappelait que la Narbonnaise avait été installée par l’empereur Auguste au 1er siècle, lorsque la cité de Narbonne -qui peut s’enorgueillir d’avoir accueilli l’empereur- fut jadis la grande capitale du Midi alors que Paris n’était même pas un tas de planches…

   Cet affichage de la Ligue du Midi constitue une étape dans la promotion de grandes régions à l’échelle européenne qui est une nécessité absolue sur le plan fonctionnel quand on connait la taille des autres régions d’Europe, que ce soit la Flandre, la Lombardie, le Piémont, la Bavière ou la Catalogne et c’est paradoxalement toujours celles-ci que l’on nous présente comme le modèle de réussite à l’étranger, car ce sont les régions les plus industrieuses d’Europe, parce que ce sont des régions identitaires. En matière de compétition internationale, ces régions jouent désormais un rôle de premier plan. L’activité innovante de leurs entreprises peut leur conférer beaucoup d’importance. De nouvelles approches économiques partent, par exemple, du constat que c’est au niveau régional qu’apparaissent, pour l’essentiel, les connaissances nouvelles, ainsi que les produits et les procédés novateurs. De grandes régions dans notre pays ne peuvent que renforcer la grandeur de la France. On oublie de signaler que c’est parce qu’elles sont probablement le contraire de la “région fonctionnelle” qu’elles sont dotées d’un supplément d’âme peu mesurable en termes de statistiques, mais qui doit être bien réel puisque il est indéniable que les grandes régions d’Europe sont d’abord identitaires.

Encore une fois, François Hollande n’a pas su choisir… il n’a pas su décider quel serait le principe directeur de son découpage. Doit-il être «fonctionnel» ou « identitaire » ? Va t’il s’appuyer sur l’urbanisation, sur la géographie contemporaine ou sur l’histoire et les bassins linguistiques anciens ? En fait, Hollande en est resté aux petits “arrangements entre amis”… Malheureusement l’on voit depuis le séisme “Montebourgeois” du 25 août où les atermoiements tactiques peuvent entrainer le pays. Qu’on ne s’y trompe pas, l’enjeu de cette réforme, prise par le petit bout de la lorgnette par l’exécutif Hollande-Valls, est loin d’être négligeable, puisque les collectivités locales représentent plus de 20 % des dépenses publiques. En 2012, elles ont progressé de 7,2 milliards (+3 %). Cela s’explique principalement, selon la Cour des Comptes, par un accroissement spectaculaire des dépenses de personnel. Dans les communes et leurs groupements, celles-ci ont augmenté de 3 % en moyenne annuelle de 2009 à 2012. Jusqu’à présent, le développement de l’intercommunalité «n’a pas été générateur d’économies, bien au contraire».

Dans un récent ouvrage “Lettre ouverte au président de la République sur la réforme des régions”, Richard Roudier, président de la Ligue du Midi n’a pas hésité à trancher dans le vif, contrairement aux caciques locaux englués dans les “combinaziones”, en approuvant la création d’une région Grand Languedoc qu’il appelle de ses vœux depuis des années. Richard Roudier dépasse la problématique du choix de la capitale entre Montpellier et Toulouse qui ne pourrait que se transformer en diatribe picrocholine entre ces deux grands pôles du Languedoc. De même, préconise-t-il la création d’une capitale administrative équidistante posée sur un carrefour de communication et dotée d’une réserve territoriale immense et si l’identité forte et l’histoire viennent à la rescousse… en avant pour Narbonne capitale!

Narbonne capitale 2

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