Ce premier samedi de novembre était la date anniversaire du Traité des Pyrénées signé le 7 novembre 1659 entre les royaumes de France et d’Espagne qui mettait fin à la guerre franco-espagnole lors de la « guerre de trente ans ». Mais comme souvent en matière territoriale les états ne tiennent pas compte de la réalité des peuples et des cultures ouvrant ainsi des contentieux qui vont perdurer pendant des siècles, amplifiés par la création des Etats-Nations. C’est le cas de la Catalogne où cette nouvelle frontière passant par les sommets des Pyrénées a opéré une fracture entre le sud et le nord laissant en déshérence les populations catalanes du Roussillon, du Conflent, du Vallespir du Capcir et d’une partie de la Cerdagne. 

   C’est dans ce cadre que l’équipe de “Sem Catalunya nord” avait placé cette année sous son patronage à Perpignan cette manifestation de revendications catalanistes intitulée « Correllengua” avec deux axes principaux : obtenir un statut particulier dans le cadre de la territorialité d’une part et la promotion de la langue catalane d’autre part. Ce type de manifestation qui se répète année après année revêt généralement un caractère bon enfant drainant de nombreuses familles ainsi que des groupes musicaux et folkloriques. Mais en cette année 2015, changement de ton avec la prise en main de l’organisation par des groupes de staliniens venus du sud à bord d’autocars qui avaient décidé d’imposer leurs visées totalitaires. Rien d’étonnant que cette manifestation qui regroupait il y a quelques années jusqu’à 8.000 personnes ait plafonné entre 800 et 1000 lors de cette édition 2015.

Les identitaires catalans habitués de ce type de cortège s’étaient retrouvés, place de Catalunya avec leurs banderoles, leurs pancartes et les drapeaux catalans. Ils étaient menés par Llorenç Perrié Albanell (Terra i Poble), Ester Gallego (Som-Catalunya sud) et Richard Roudier (Président de la Ligue du Midi venu soutenir ses cousins catalans). Rien de bien dérangeant, mais encore trop pour les apprentis dictateurs de la CUP qui n’eurent de cesse que de chasser du cortège la délégation identitaire. La violence succédant aux vociférations, les rouges franchirent un cap en voulant arracher banderoles et drapeaux. Dans la bousculade, un crasseux porta même des coups de cutter au président de la Ligue du Midi, pour lui arracher son drapeau, le blessant légèrement à la main.

Devant la détermination des identitaires à ne rien céder, les malfaisants n’eurent rien de mieux à tenter que de créer un cordon sanitaire pour scinder le cortège. C’est ainsi que le groupe put sans dommage effectuer un tour de ville jusqu’à la préfecture, via le Castillet, en lançant ses propres slogans ; “libertat-Identitat”, “un poble-une Llengua”, “autonomia-autonomia”, “libertat-libertat”. Au bout du parcours et après avoir répondu aux questions de la presse et reçu les encouragements de nombreux catalanistes, Llorenç Perrié Albanell prenait la parole devant la préfecture après avoir rassuré ses camarades sur la grande détermination des identitaires à poursuive l’action entamée une semaine auparavant à Figuères et au Perthus, laissant entendre qu’une initiative spectaculaire serait prise en janvier 2016…

   Quelques extraits du discours de Llorenç Perrié Albanell (Traduction)

“Le traité des Pyrénées, le 7 novembre 1659 a imposé à la Catalogne une grande division ainsi qu’une fracture territoriale. Cette “Correllengua”, rendez –vous inéluctable dans le calendrier national catalan qui se renouvelle d’année en année, est devenu un “cri” dont l’objectif est l’affirmation des liens historiques entre le nord et le sud de notre nation. Depuis cette date, les nord-catalans sont privés des droits politiques, culturels et identitaires. Pourtant ces droits élémentaires sont normalement accordés à chaque peuple qui affiche une particularité propre.

Mais dans la République française des droits de l’homme les petites patries ne comptent pas; seule compte l’idéologie du nivèlement. Dans le cadre de la réforme territoriale du gouvernement français qui est en marche, nous exigeons la création d’une collectivité nord-catalane qui pourrait prendre par exemple la forme d’un département autonome.

La position autonomiste doit être considérée comme un recours salvateur vis à vis de la mort programmée de notre territoire. L’autonomie, c’est la gestion des compétences fiscales, administratives et judiciaires, mais également la capacité du financement de l’enseignement de la langue catalane. Nous exigeons également l’autonomie dans le cadre d’un développement économique efficace qui devra intégrer le recours au localisme. Nous demandons la mise en place de mesures visant au développement et à la promotion de la langue, de la culture et de l’éducation catalane…

Nous exigeons enfin le renforcement des relations avec la catalogne-sud et dans l’optique de la création d’un futur état au sud nous demandons la création d’une zone transfrontalière d’échanges prioritaires.

Nous nous inscrivons dans la construction de l’Europe de demain, Une Europe enracinée, juste et identitaire. Nous exigeons enfin l’autonomie pour la sauvegarde de l’identité catalane.

Vive la terre! »

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